Ma première fois.
Février 1994, la nuit tombe nuit tôt, très tôt. Il fait froid, humide et un vent glacial parcours les rues de ma ville de banlieue .Ce n’est pas pour rien que ce mois s’appelait pluviôse et ventôse sous le calendrier républicain.
On est samedi après-midi, le téléphone est encore à cadran, c’est une période ou on fait 3615 ULLA pour s’exciter la nouille. On appelle le téléphone rose ou un disque tourne en boucle et ça nous fait bien rigoler. Pour tuer le temps on appelle les pompiers et on leur dit « venez vite j’ai le feu au cul » ou on appelle le coiffeur en lui disant « j’ai besoin d’un rendez vous pour me faire défriser les poils de la nouille ».
C’est une période ou une nouvelle musique pointe le bout de son nez en France. Elle arrive depuis l’autre côté de la l’Atlantique mais pour ma part mon dévolu s’est jeté sur Prodigy, premier des classements anglais. C’est une révolution culturelle qui se met en route dans mon corps.
Je découvre une radio écoutable que sur Paris et la région parisienne : FG. La musique diffusée est entrainante et m’emmène dans une transe même a 2 heures de l’après midi.
Mes bras et mes jambes bougent tous seul.
On peut entendre Dj Ricky (le manège enchanté) ou P.Rognant (Rave Up)
MCM diffuse RAVE ON, Skyrock a sa SkyRave et Fun sa CyberTrance.
Bon je m’égare. Revenons donc au sujet, samedi après-midi le téléphone sonne toutes les dix minutes :
_Y : « on fait quoi ce soir ? »
_C : « je ne sais pas trop. Y a peut être moyen d’aller chez A, tu sais l’autre glue qui squatte toujours à droite et à gauche. Ses parents sont pas là c’est toujours mieux que de squatter dehors. »
_ Y : « ouais c’est clair »
_ C : « bon y aura N et Ca, y a aussi V, M,Ce enfin on sera une dizaine. Écoute toute façon vient à la maison on va voir si y a pas un truc sur Paris ».
Faut que je vous dise qui est Y aussi. Y je l’ai connu au lycée en repiquant ma première.
Il arrivait d’un internat du Havre. Dès le début ça a accroché. On est devenu les meilleurs amis du monde c’est même au-delà de ça, Y dormait à la maison tout les samedi soir, c’était mon frère adoptif.
Mon frère de 400 coups, tous les délires, tous les bizz à deux. C’était ensemble ou rien.
En attendant que Y arrive, j’écoute les bons plans sur FG, une voix féminine annonce donc les soirées en boite et à la fin elle annonce une soirée dans un ancien corps de ferme, pas trop loin de chez moi.
Y est là je lui parle de ce plan, comme d’habitude il est partant mais on sait déjà que la troupe, avec qui on traine, est plus dans le conventionnelle donc on a aussi quelques plans « normaux ».
Avec Y ce que l’on souhaite faire c’est bouger mais en petit comité car on sait que sur Panam pour rentrée quelque part faut pas être plus de 4/5.
Notre plan est carré on va chez A et vers minuit on bouge sur Paris en évoquant une excuse bidon, on est les rois du mytho on trouvera bien sur place.
Et puis merde pour les autres.
L’après midi passe et on va chez A, enfin chez ses parents, repas à base de pizza, coca, mac do, alcool, substances illicites et autres denrées périssables.
La chaleur monte et la soirée s’annonce bonne jusqu’au moment ou V gaffe, comme à son habitude d’ailleurs.
Elle lâche le plan secret en disant aux autres « bon alors on bouge tous sur Paris ».
Consternation avec Y, on se regarde et on comprend que ça va partir en couille.
Les autres vont vouloir venir et on va se retrouver à 10, putain de merde.
Bon ça ne loupe pas tout le monde veut bouger sur Paris. Du coup on avance le départ, au point ou on en est.
Bonant malant le convoi se mets en route, on part à 3 voitures direction Bastille.
On décide de faire deux groupes, ça aidera à rentrer quelques parts, les boulets ça les enchante pas trop car ils ont peur de pas rentrer et puis c’est pas cool comme plan.
Putain ça commence à me gonfler les neurones graves.
On fait quand même les tentatives en deux groupes et on se fait recaler de plusieurs endroits. Normal.
Alors on fait quoi ? Les autres restent là à se regarder les pieds. Hésitation, pas de prise de décision, ah ouais cette soirée me gonfle sérieusement.
Au bout de 10 minutes de tergiversation je leur dis que j’ai plan pour une soirée trance. Hein quèsaco ? Ho non moi ça me parait pas top et blah blah blah et blah blah blah. Putain ça me gonfle grave. On se regarde avec Y et il comprend que je commence à perdre patience.
Il sait très bien comment ça va se finir et me fais un sourire en coin.
« On fait quoi alors ? » ……. « Ok bon bah moi j’y vais qui m’aiment me suive ».
Y ne se fait pas prier. G, un copain de copain est partant aussi. Les filles ne le sentent pas trop et décline l’invitation. Pas grave ce soir j’ai envie de m’amuser.
On prend donc le chemin de cette soirée qui se déroule dans les Yvelines, âpres ¾ heures de voitures on arrive dans un parc avec un château et un corps de ferme, lieu ou se déroule la soirée.
On arrive à l’entrée et une porte en bois s’ouvre, 4/5 mecs en porte un qui nous parait assez bizarre, comme en plein délire visuel. Ces potes, nous voyant assez étonné, nous disent
_ « rien de grave, il a une bonne montée un peu d’air lui fera le plus grand bien ».
_ je leur répond « ok tant mieux en tout cas il a l’air heureux ».
Tout le monde rigole même les gars de la sécurité qui sont à l’entrée. On paye 50 francs si mes souvenirs sont bons et en avant la musique.
On entre donc et direct on en prend plein la poire, des décos psychédéliques, un show lumières et du son que l’on a jamais entendu.
Une musique sans parole avec des sons distordus, des sons en boucle qui se répètent.
Une foule de 200/300 personnes est en trance, ça saute, ça danse, ça gesticule dans tous les sens.
Des bras à droite, des jambes à gauche, des sourires de partout et nous trois plantés là comme des glands.
Il se passe bien 5/10 minutes avant que l’on comprenne ce qui se passe. On se regarde et on a tous le sourire.
On avance alors timidement vers la foule pour se trémousser avec elle. Pas besoin de dire pardon pour avoir de la place, elle se fait toute seule. On est accueillit comme des amis de 30 ans.
Les gens présent sont un melting pot de la société, y a de tous ça va du costard cravate au mec de 50/60 ans en passant par des gens « normaux ».
On découvre un nouveau monde, de nouvelles sensations, une ambiance inconnue.
Tous le monde se sourit, tous le monde est happy. Les gens sont là pour la musique, pour les rencontres et non pour autres choses.
Certains sont dans leur bulle, d’autres te disent bonjour et échanges différentes substances avec toi sans rien demander.
Des « je t’aime toi » arrivent de nulle part, on se serre dans les bras sans se poser de question, sans arrière pensée.
On est là pour faire la fête, partager et communier. Les masques tombent et on est soi-même.
Les échanges sont intenses, un seul clin d’œil, un seul regard suffit à en dire long sur ce que l’on pense. Les sourires en coin fusent de partout.
On ne juge pas pour ne pas être jugé. On est ici pour faire la fête et trouver un espace de liberté.On est un on est tous on est ensemble.
Cette nuit sera un voyage initiatique qui se finira 8 ans plus tard.
Février 1994, la nuit tombe nuit tôt, très tôt. Il fait froid, humide et un vent glacial parcours les rues de ma ville de banlieue .Ce n’est pas pour rien que ce mois s’appelait pluviôse et ventôse sous le calendrier républicain.
On est samedi après-midi, le téléphone est encore à cadran, c’est une période ou on fait 3615 ULLA pour s’exciter la nouille. On appelle le téléphone rose ou un disque tourne en boucle et ça nous fait bien rigoler. Pour tuer le temps on appelle les pompiers et on leur dit « venez vite j’ai le feu au cul » ou on appelle le coiffeur en lui disant « j’ai besoin d’un rendez vous pour me faire défriser les poils de la nouille ».
C’est une période ou une nouvelle musique pointe le bout de son nez en France. Elle arrive depuis l’autre côté de la l’Atlantique mais pour ma part mon dévolu s’est jeté sur Prodigy, premier des classements anglais. C’est une révolution culturelle qui se met en route dans mon corps.
Je découvre une radio écoutable que sur Paris et la région parisienne : FG. La musique diffusée est entrainante et m’emmène dans une transe même a 2 heures de l’après midi.
Mes bras et mes jambes bougent tous seul.
On peut entendre Dj Ricky (le manège enchanté) ou P.Rognant (Rave Up)
MCM diffuse RAVE ON, Skyrock a sa SkyRave et Fun sa CyberTrance.
Bon je m’égare. Revenons donc au sujet, samedi après-midi le téléphone sonne toutes les dix minutes :
_Y : « on fait quoi ce soir ? »
_C : « je ne sais pas trop. Y a peut être moyen d’aller chez A, tu sais l’autre glue qui squatte toujours à droite et à gauche. Ses parents sont pas là c’est toujours mieux que de squatter dehors. »
_ Y : « ouais c’est clair »
_ C : « bon y aura N et Ca, y a aussi V, M,Ce enfin on sera une dizaine. Écoute toute façon vient à la maison on va voir si y a pas un truc sur Paris ».
Faut que je vous dise qui est Y aussi. Y je l’ai connu au lycée en repiquant ma première.
Il arrivait d’un internat du Havre. Dès le début ça a accroché. On est devenu les meilleurs amis du monde c’est même au-delà de ça, Y dormait à la maison tout les samedi soir, c’était mon frère adoptif.
Mon frère de 400 coups, tous les délires, tous les bizz à deux. C’était ensemble ou rien.
En attendant que Y arrive, j’écoute les bons plans sur FG, une voix féminine annonce donc les soirées en boite et à la fin elle annonce une soirée dans un ancien corps de ferme, pas trop loin de chez moi.
Y est là je lui parle de ce plan, comme d’habitude il est partant mais on sait déjà que la troupe, avec qui on traine, est plus dans le conventionnelle donc on a aussi quelques plans « normaux ».
Avec Y ce que l’on souhaite faire c’est bouger mais en petit comité car on sait que sur Panam pour rentrée quelque part faut pas être plus de 4/5.
Notre plan est carré on va chez A et vers minuit on bouge sur Paris en évoquant une excuse bidon, on est les rois du mytho on trouvera bien sur place.
Et puis merde pour les autres.
L’après midi passe et on va chez A, enfin chez ses parents, repas à base de pizza, coca, mac do, alcool, substances illicites et autres denrées périssables.
La chaleur monte et la soirée s’annonce bonne jusqu’au moment ou V gaffe, comme à son habitude d’ailleurs.
Elle lâche le plan secret en disant aux autres « bon alors on bouge tous sur Paris ».
Consternation avec Y, on se regarde et on comprend que ça va partir en couille.
Les autres vont vouloir venir et on va se retrouver à 10, putain de merde.
Bon ça ne loupe pas tout le monde veut bouger sur Paris. Du coup on avance le départ, au point ou on en est.
Bonant malant le convoi se mets en route, on part à 3 voitures direction Bastille.
On décide de faire deux groupes, ça aidera à rentrer quelques parts, les boulets ça les enchante pas trop car ils ont peur de pas rentrer et puis c’est pas cool comme plan.
Putain ça commence à me gonfler les neurones graves.
On fait quand même les tentatives en deux groupes et on se fait recaler de plusieurs endroits. Normal.
Alors on fait quoi ? Les autres restent là à se regarder les pieds. Hésitation, pas de prise de décision, ah ouais cette soirée me gonfle sérieusement.
Au bout de 10 minutes de tergiversation je leur dis que j’ai plan pour une soirée trance. Hein quèsaco ? Ho non moi ça me parait pas top et blah blah blah et blah blah blah. Putain ça me gonfle grave. On se regarde avec Y et il comprend que je commence à perdre patience.
Il sait très bien comment ça va se finir et me fais un sourire en coin.
« On fait quoi alors ? » ……. « Ok bon bah moi j’y vais qui m’aiment me suive ».
Y ne se fait pas prier. G, un copain de copain est partant aussi. Les filles ne le sentent pas trop et décline l’invitation. Pas grave ce soir j’ai envie de m’amuser.
On prend donc le chemin de cette soirée qui se déroule dans les Yvelines, âpres ¾ heures de voitures on arrive dans un parc avec un château et un corps de ferme, lieu ou se déroule la soirée.
On arrive à l’entrée et une porte en bois s’ouvre, 4/5 mecs en porte un qui nous parait assez bizarre, comme en plein délire visuel. Ces potes, nous voyant assez étonné, nous disent
_ « rien de grave, il a une bonne montée un peu d’air lui fera le plus grand bien ».
_ je leur répond « ok tant mieux en tout cas il a l’air heureux ».
Tout le monde rigole même les gars de la sécurité qui sont à l’entrée. On paye 50 francs si mes souvenirs sont bons et en avant la musique.
On entre donc et direct on en prend plein la poire, des décos psychédéliques, un show lumières et du son que l’on a jamais entendu.
Une musique sans parole avec des sons distordus, des sons en boucle qui se répètent.
Une foule de 200/300 personnes est en trance, ça saute, ça danse, ça gesticule dans tous les sens.
Des bras à droite, des jambes à gauche, des sourires de partout et nous trois plantés là comme des glands.
Il se passe bien 5/10 minutes avant que l’on comprenne ce qui se passe. On se regarde et on a tous le sourire.
On avance alors timidement vers la foule pour se trémousser avec elle. Pas besoin de dire pardon pour avoir de la place, elle se fait toute seule. On est accueillit comme des amis de 30 ans.
Les gens présent sont un melting pot de la société, y a de tous ça va du costard cravate au mec de 50/60 ans en passant par des gens « normaux ».
On découvre un nouveau monde, de nouvelles sensations, une ambiance inconnue.
Tous le monde se sourit, tous le monde est happy. Les gens sont là pour la musique, pour les rencontres et non pour autres choses.
Certains sont dans leur bulle, d’autres te disent bonjour et échanges différentes substances avec toi sans rien demander.
Des « je t’aime toi » arrivent de nulle part, on se serre dans les bras sans se poser de question, sans arrière pensée.
On est là pour faire la fête, partager et communier. Les masques tombent et on est soi-même.
Les échanges sont intenses, un seul clin d’œil, un seul regard suffit à en dire long sur ce que l’on pense. Les sourires en coin fusent de partout.
On ne juge pas pour ne pas être jugé. On est ici pour faire la fête et trouver un espace de liberté.On est un on est tous on est ensemble.
Cette nuit sera un voyage initiatique qui se finira 8 ans plus tard.