[citation]Depuis plusieurs années, la planète drogue bruit d'une rumeur difficile à vérifier. Au fin fond des forêts congolaise existerait une plante sacrée qui, consommée par des irreductibles de la dope, les auraient guéris à vie de toutes les addictions, après les avoir plongés dans un trip hallucinatoire, à côté duquel l'acide ferait figure de breuvage pour duchesse anglaise. DAMNED! On nous aurait caché ça? Après l'héroïne inventée pour guérir de la morphine et la cocaïne synthétisée pour guérir de l'héroïne, après les décharges électriques, les cures de dégueulis népalais, la lobotomie russe, après la méthadone elle-même, il existerait enfin un truc qui marche, un truc qui te lave d'un coup de tous tes péchés.
Alléluia mes frères et mes soeurs, on va enfin pouvoir se la donner grave. Attention camarades drogués, du calme! L'iboga reste un mystère. Ici, à la rédaction d'Asud-journal, le simple énoncé de ce nom à provoqué des heures de controverses passionnées. C'est vrai que l'idée d'une plante aux effets psychoactifs qui affranchirait d'un coup l'être humain de ses entraves addictives à de quoi séduire, mais, mais, mais...
Enfin à vous de juger.
Fabrice O.
"J'ai marché ou volé sur une voie longue et multicolore, ou sur de nombreuses rivières, qui m'ont conduit à mes ancêtres qui, à leur tour, m'ont conduit aux grands dieux.":
C'est par ces quelques mots que le nouvel initié à l'un des différent cultes Bwiti tente de communiquer son experience mystique, résultat d'heures de chants et de danses rituelles, associé à la prise d'une préparation à base de racine d'iboga.
L'utilisation rituelle de l'iboga est principalement connue des tribus Fang et Mitsogho du Sud-Gabon. D'après la tradition orale, cette connaissance et son utilisation, ainsi que celles d'autres plantes médicinales ou psychotropes, dont sont issus les mythes fondateurs de la religion Bwiti leur aurait été enseignée par les pygmées de la forêt équatoriale.
Les européens découvrent la plante en 1819, à travers la description du Gabon d'Edward Bowdich. Dans leurs rapports, les officiers de district du Cameroun évoque cette "plante qui stimule le système nerveux, qu'on emploie pour effectuer de longues marches, de grands voyages en canoë ou pour rester éveiller la nuit."
C'est en 1939 qu'apparaît sur le marché pharmaceutique le Lambarène, des comprimés dosés à 0,20g. d'extrait d'iboga correspondant à 8 mg d'ibogaïne, dont la composition aurait été inspirée par le docteur Schweitzer, grand marcheur et explorateur infatigable. Haroun Tazieff, vulcanologue, raconte dans son livre:
"Le gouffre de la pierre saint Martin" son experience du lambarène, classé comme stimulant neuromusculaire, effaçant la fatigue, indiqué en cas de dépression, de convalescence, de maladies infectieuses, d'effort physique et intellectuel anormal. Devenu par la suite l'un des dopants préféré des sportifs d'après-guerre, le Lambarène fut retiré du marché en 1966, et l'ibogaïne interdite à la vente avant d'être classé comme produit dopant par le C.I.O. en 1989. C'est en testant ses vertus psychédéliques que Timothy Leary, et d'autres avec lui constate son pouvoir anti-addictif. Parmi eux, le futur docteur Lotsof, l'un des pionniers du traitement à l'ibogaïne qui lancera les premiers protocoles d'études cliniques. Ce n'est que plus tard que l'on apprendra que la C.I.A. menait déjà dans les années 50 un programme d'étude sur une population de morphinomanes afro-américains, étude dont les résultats sont toujours classés top-secret.
D'après les études pharmacologiques, la structure de l'ibogaïne serait similaire à celle de la sérotonine: elle bloque la stimulation de la dopamine méso-limbique et straitale induite par la morphine et la cocaïne, et agit sur les systèmes dopaminergiques du cerveau pendant une période de temps qui dépasse celle de son élimination par l'organisme. Un effet retard qui suggère la formation d'un métabolite de l'ibogaïne à longue durée de vie. Il ne s'agit pas d'un traitement de substitution: une seule prise permettrait, en effet, une abstinance longue durée, facilitée par le fait que la personne n'a plus aucun désir pour la substance en cause dans son addiction. Ce traitement à l'ibogaïne ne concernerait pas seulement les dépendants aux opiacés ou à la cocaïne, mais aussi ceux à l'alcool et aux amphétamines. Actuellement disponible dans plusieurs pays, son administration relève encore cependant de cliniques privées le facturant de 2500 à 15000$(ou €) selon les pays. Bien qu'apparemment prometteur, le traitement des dépendances par l'ibogaïne est donc, à l'heure actuelle, bien loin d'être généralisé car le monde scientifique reste encore divisé sur son efficacité, tandis que, ne représentant pas une forte valeur ajoutée, la fabrication du produit lui-même n'incite pas les laboratoires à s'y intéresser.
Loïc C.[/citation]
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