Amis du psychédélisme bonjour
Bon, on va pas y aller par quatre chemins, il est pourri c't album, il vaut pas le dernier Astrix
[:dehors]
Plus sérieusement, et avant toute chose, je tiens à préciser que les opinions affichées dans cette review n'engagent que moi et mon humble point de vue de gallinacé psychotique
J'adore les critiques d'albums, j'en avais déjà écrit quelques unes à l'époque où j'portais des bracelets à clous et que j'écoutais beaucoup de musique du diable, mais avec le temps, j'ai pas mal lâché le délire. Puis j'ai écouté cet album. Et y'a vraiment pas moyen que je ne m'exprime pas sur le sujet
Alors allons-y gaiement
Introduction :Par une nuit de pleine lune estivale, aux alentours d'un lac bien connu quelque part au Portugal, une conversation s'engagea avec un de mes amis que je qualifierais de "real darkpsy fanboy"
La dark, pour ma part, je ne connaissais pas vraiment. Pas eu le temps de m'y intéresser, entendue quelques fois en teuf et autres mais pas vraiment accroché au délire, bref, je ne rêvais que d'en savoir plus. Je lui demandai donc quel artiste du genre aurait pu selon lui incarner le "best of the best" de sa catégorie. Ce à quoi il répondit sans hésiter : "Psykovsky mec, Psykovsky."
Aucun problème. Une fois tranquille chez wam, je commence à me porter sur la chose. Écoute d'une ou deux tracks à l'arrache sur Youtube, hmmm... Ça a l'air... Intéressant... Soit. Un petit quart d'heure plus tard, l'album est chargé dans mon MP3 et je m'installe tranquillement, casque sur les oreilles, verre de moloko à la main, pour démarrer ce qui sera ma première écoute de ce fameux Tanetsveta. Écoute qui date d'il y a maintenant presque un an.
A l'heure actuelle, j'l'ai tout simplement retourné cet album. Écouté, ré-écouté, dans le métro, au boulot, en marchant dans Paris la nuit, dans mon lit quand il pleut dehors, en me faisant cuire des gambas sauce piquante,
en m'faisant su... Bref, j'lai rodé quoi. Étant donné la monstruosité que c'est, j'avais pas vraiment le choix d'ailleurs
Et maintenant que ce disque a bien été digéré et assimilé par mon petit cerveau en souffrance, je peux enfin en sortir un avis un tant soit peu structuré. Quand j'écoute cette œuvre, au gré des BPM, mon ressenti pourrait se décrire en trois phases distinctes.
PHASE ONE - "Ça c'est psyché mon gaaaaars!" Ah bah oui hein! Plus psyché tu meuuurs
N'en déplaise aux chimistes, j'crois qu'on a découvert l'état musical du LSD pour le coup. Le machin est ééééénormément travaillé, on sent que l'gugusse a du level. Arriver à caler autant de déconstructions gigantesques, de samples sortis de nulle part, de sonorités glauques et légères à la fois, de sursauts, de chutes dans l'espace sonore, de rebondissements imprévisibles, de tout ce chaos linéaire qui me prend aux tripes, tout cela superposé d'une façon si précise que cela reste supportable par mes tendres n'oreilles, franchement là, moi je dis chapeau, il fallait le faire quoi
Les histoires s’enchaînent. L'imaginaire tourne à plein régime. L'atmosphère est incomparable, propre à l'artiste. Un truc titanesque qui, au delà du "j'aime/j'aime pas", ne peut en aucun cas vous laisser indifférent. Le kick/bass sourd et lancinant pulvérise les murailles de mon appréhension musicale, et laisse ensuite les samples effervescents se charger d'achever ce qu'il me reste de raison. Ma tête est en ébullition, les images fusent et ne se ressemblent jamais. Il faut comprendre, alors je cherche, j'étudie, je me force à "penser Psykovsky". Mais l'élève ne peut atteindre la cheville du maître, et quand au bout d'un moment je crois enfin apercevoir la lumière, ce marionnettiste de la trance me replonge d'un coup sec dans les méandres de son délire...
La première fois, c'est dur. Violent. Renversant... Oui mais voilà. Les écoutes se succèdent. Je commence à connaître les tracks, à voir venir les choses un peu plus aisément. Et un jour, c'est le drame. Un malaise s'est installé dans mon esprit. Une pensée qui me tiraille à chaque nouvelle audition, et qui m'amène à me positionner en phase deux.
PHASE TWO - "Dis-donc, il m'prendrait pas un peu pour un couillon le loulou là?" Vous avez sûrement déjà assisté à une exposition d'art abstrait. Vous avez donc sûrement déjà aperçu ce genre de toile avec des coups de pinceau et des taches d'encre peintes de façon apparemment totalement aléatoire et portant un nom du style "Mouvance Temporelle" ou autres. Vous savez, ces tableaux pour lesquels l'auteur se fera un plaisir de vous dire d'un ton condescendant doublé d'un accent bobo nasillard : "Mais t'as rien compris mec, ça exprime trop l'intérieur de la psyché du dedans de mon moi-même, tu vois?"
Et vous avez donc sûrement eu la même réaction primaire que moi devant ce type d’œuvre : "C'est bien joli ton truc mon grand, mais bon, mon gosse de trois ans fait les mêmes tous les dimanches, et c'est pas pour autant que j'vais crier au génie artistique sur tous les toits..."
Et bien ce Tanetsveta m'inspire une réaction similaire. Cette idée malsaine et effrayante qu'on serait en train de me vendre un brouillon anarchique et anti-structuré comme étant une pièce maîtresse de la musique psychédélique... Mince, ça fait peur... Mais quand même... Prenez un kick sourd, une bassline déconstruite, des nappes et samples absurdes et sans rapport entre eux, ajoutez à cela une continuité discontinue de non-linéarité, laissez mijoter dans votre masterizer, et vous obtenez une nouvelle track hautement étudiée "Psykovsky-style"... Bon, okay, j'exagère... Mais quand même...
Frappez-moi si vous voulez, lynchez-moi sur la place publique pour affront à l'art moderne, torturez-moi, lobotomisez-moi à coup d'images subliminales si cela vous chante, mais vous ne pourrez pas m'ôter cette vilaine pensée du crâne. Même si rien ne se ressemble dans cet univers, la redondance est pourtant là. Après une bonne heure d'écoute active, j'ai vraiment l'impression d'avoir fait le tour du sujet. L'impression que cette musique est une grosse farce, qu'elle n'a été créée que pour conserver l'aspect élitiste d'un genre qui se proclame fièrement comme tel. L'impression qu'on se moque de moi, que notre darkeu russe doit bien se fendre la poire en voyant quelle vénération on lui porte.
Mon âme s'auto-mutile. Bien ou pas bien? Génie ou foutage de gueule? Art ou mascarade? Pour rompre cette contradiction une seule chose me manque.
PHASE THREE - "N'empêche, je vendrais jusqu'aux sextapes de ma daronne pour le voir en live..." Ooooh oui. Oui oui oui oui oui et encore OUI! J'envie d'ailleurs follement tous ceux qui ont eu l'occasion d'assister au spectacle. C'la doit certainement être la plus intéressante prestation trance que l'on puisse trouver à l'heure actuelle. Et si on y rajoute la molécule qui va bien, alors là, je n'ose même pas y penser
Je ne veux pas écouter d'extrait, je ne veux surtout pas en voir des bribes sur Youtube ou autres. Je veux que mon jugement soit dénué d'aprioris lorque cet événement aura lieu. Je ne sais pas si j'aimerais ou non, mais je l'avalerai jusqu'au dernier kick, dans l'espoir d'y trouver une solution à mon problème. Sauf que...
Il y a un hic. Un truc qui risque malheureusement de me bloquer direct. La danse. Comment tu veux danser là-dessus oh? Si le live ressemble à l'album, à part dodeliner de la tête les yeux révulsés en offrande au cosmos, y'a pas d'autre truc qui me vienne à l'esprit. Ça groove pas, force est de le dire. Et moi quand ça groove pas, beeeh... J'me barre du floor. C'est quasi réflexe. Sur un chill, pourquoi pas, mais debout je risque d'avoir des soucis.
Enfin... Espérons que j'me trompe, et que ce Psykovsky soit réellement l'expérience psychédélique live ultime
Je n'demande qu'à voir. Tiens, on me chuchote à l'oreille le nom de "PsyCrowDelica"... Hmmmm... Le rencart est pris, moi j'vous l'dis, et j'attendrai ce monsieur au tournant.
Conclusion :J'ai arrêté d'écouter cet album. Il est bien, mais il me dérange trop. De plus, j'ai constaté que j'étais loin de le préférer à d'autres lorsque j'ai envie de kiffer du son. Je suis attiré d'une manière bien plus sensuelle par les sonorités des Gappeq et autres Fragletrollet, pour rester dans le même registre.
Là où cependant nous tomberons tous d'accord, c'est que des Psykovsky, y'en a pas deux, ça c'est sûr. Et les aigris qui affirment que la trance tourne en rond n'ont très probablement jamais entendu parler de lui.
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout si vous l'avez fait
Bonne continuation