Voici un extrait un excellent document qui, pour une fois, ne dit pas que des conneries sur les mouvements musicaux. Et c'est suffisamment rare pour ne pas être souligné
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En Mai 2001, en relation avec l’actualité politique encore, le processus de scission entre Kanyar, vitrine du mouvement free, et le mouvement lui-même, va s’accélérer. A cette date, le gouvernement prépare un projet de loi sur la sécurité quotidienne (voulant élargir et renforcer les dispositifs d’intervention en matière de crimes et délits : délinquance, banditisme et terrorisme).
Dans ce cadre, le député vauclusien Mariani (RPR) propose au parlement un amendement concernant les free parties, visant à dissuader les sound-systems de poursuivre leur activité : confiscation de matériel, amendes alourdies, etc. Face à cette nouvelle menace pour le milieu, Kanyar et Okosystem participent à la coordination de la défense que préparent certains sound-systems : mise en place de pétitions, communiqués de presse et préparation des « street parades »1 pour le mois de juin. Partout en France, des collectifs régionaux de coordinations se montent. Le 16 juin 2001, Paris, Marseille, Lyon et Toulouse sont le théâtre de manifestations techno. Cependant, dans le bouillonnement de cette activité militante, Marco et Tournesol trouvent le moyen de relancer un débat critique sur la teneur du mouvement en diffusant sur Internet un texte intitulé : « La free, c’est fini ». Prenant fait et cause pour l’arrêt de ce mouvement, qui n’a plus de sens à leur yeux, et défendant de nouvelles propositions, la scission entre Kanyar et le milieu free est définitive.
(...)
Reprenons maintenant le déroulement de l’histoire. Pendant ce temps, avec l’approche de la campagne présidentielle et l’été, lourd en prévisions de free parties, les partis de gauche semblent prendre position contre cet amendement. Le président de la république (Chirac
himself, lors de son interview du 14 juillet 2001, donnera même son avis sur la question «
il appartient au gouvernement de se déterminer », «
La rave party qu’est-ce que c’est ? C’est un élément de la culture techno. Elle existe et elle a son charme ». Le milieu free relâche la pression et pense à la victoire : au cabinet du ministère de l’Intérieur, dirigé par Daniel Vaillant, l’on propose même une table ronde pour trouver des issues favorables au problème de l’organisation des raves. Mais alors que la loi n’est pas encore votée, les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis précipitent tous les députés en faveur d’une politique sécuritaire renforcée.
L’heure n’est plus à la discussion, la « LSQ » est votée avec l’amendement Mariani.
Le mouvement free rentre dans une aire de répression encore jamais connue à ce jour. Presque dix ans après la Criminal Justice Bill en Angleterre, le gouvernement français promulgue une batterie de lois similaire. Alors qu’en Angleterre la loi allait causer le départ des sound-system vers la France notamment, que va-t-il se passer aujourd’hui avec la LSQ ?Extrait de Marseille et ses ornements musicaux :
VILLE ET SCENES MUSICALES.
J-S. BORDREUIL, R. SAGE, G. SUZANNE
Avec la participation de C. DUPORT
Rapport Final
Février 2003.
Programme Interministériel de recherche : « Culture, Ville et Dynamiques Sociales ».
Ministère de la Culture et de la Communication.