[citation]
Musique. Quatre docus sur les aspirations humanitaires de la techno.
Ravers éveillés
Par Samuel DOUHAIRE
vendredi 03 décembre 2004 (Liberation - 06:00)
World Traveller Adventures UWe/Discograph. 1 DVD + 1 CD, 22,87 €. En vente au rayon disques.
ous pensez encore que les amateurs de free-parties sont des chevelus irresponsables que seuls la musique électronique, la drogue et leur petit nombril intéressent ? Ce coffret DVD et CD, plongée passionnante au coeur du nomadisme techno depuis sa fondation par le collectif anglais Spiral Tribe (1989) jusqu'à l'African Expedisound de 2003, fera office de salutaire piqûre de rappel. Certes, on peut y apprendre comment rouler un joint en conduisant un poids lourd sur une piste africaine défoncée, ou découvrir des ravers cherchant frénétiquement le Tupperware de champignons hallucinogènes égaré au milieu de leurs boîtes de petits pois...
Mais les quatre documentaires compilés sur le DVD dressent surtout le portrait de musiciens et DJ soucieux d'apporter une dimension humanitaire à leurs périples musicaux : en l'occurrence, «réunir Serbes, Croates et Musulmans dans une vibe techno», apporter des vivres aux Bosniaques affamés juste après les accords de Dayton, ou des livres scolaires à des villages maliens. Des 20 à 30 ans animés d'une croyance radicale mais sincère dans l'ouverture au monde, les bienfaits du partage et le refus du matérialisme. Comme l'explique joliment un membre du collectif Sound Conspiracy : «On a peu d'argent, pas de passavant, mais on a la foi.»
Une foi qui déplace les montagnes, qu'elles soient physiques (un Paris-Dakar à bord de camions hors d'âge), administratives (le franchissement, en convois chargés de matériel hi-fi, des frontières turque, iranienne et pakistanaise) ou techniques (l'organisation de fêtes au milieu de nulle part)...
Tout n'est cependant pas rose aux pays des ravers, et c'est le grand mérite de ces documentaires, qui ressemblent parfois à des épisodes vachards de Strip-Tease (voir l'Anglais rebelle qui appelle son père au pays pour se faire livrer une boîte de vitesses à 1 000 livres en pleine Slovénie), de le rappeler. Obsédés par leur quête du «rythme initial», les DJ d'African Expedisound reconnaissent avoir sous-estimé la terrible réalité économique et sociale du continent noir. Et les travellers de Sound Conspiracy ne taisent pas leur déception quand la mythique scène trance de Goa se révèle «pourrie par le fric» et «un hédonisme replié sur lui-même». Ces derniers, comme leurs ancêtres hippies trente ans plus tôt, ont ensuite préféré retrouver un peu de «pureté» dans l'Himalaya.[/citation]
(source liberation)
:mickey:
Musique. Quatre docus sur les aspirations humanitaires de la techno.
Ravers éveillés
Par Samuel DOUHAIRE
vendredi 03 décembre 2004 (Liberation - 06:00)
World Traveller Adventures UWe/Discograph. 1 DVD + 1 CD, 22,87 €. En vente au rayon disques.
ous pensez encore que les amateurs de free-parties sont des chevelus irresponsables que seuls la musique électronique, la drogue et leur petit nombril intéressent ? Ce coffret DVD et CD, plongée passionnante au coeur du nomadisme techno depuis sa fondation par le collectif anglais Spiral Tribe (1989) jusqu'à l'African Expedisound de 2003, fera office de salutaire piqûre de rappel. Certes, on peut y apprendre comment rouler un joint en conduisant un poids lourd sur une piste africaine défoncée, ou découvrir des ravers cherchant frénétiquement le Tupperware de champignons hallucinogènes égaré au milieu de leurs boîtes de petits pois...
Mais les quatre documentaires compilés sur le DVD dressent surtout le portrait de musiciens et DJ soucieux d'apporter une dimension humanitaire à leurs périples musicaux : en l'occurrence, «réunir Serbes, Croates et Musulmans dans une vibe techno», apporter des vivres aux Bosniaques affamés juste après les accords de Dayton, ou des livres scolaires à des villages maliens. Des 20 à 30 ans animés d'une croyance radicale mais sincère dans l'ouverture au monde, les bienfaits du partage et le refus du matérialisme. Comme l'explique joliment un membre du collectif Sound Conspiracy : «On a peu d'argent, pas de passavant, mais on a la foi.»
Une foi qui déplace les montagnes, qu'elles soient physiques (un Paris-Dakar à bord de camions hors d'âge), administratives (le franchissement, en convois chargés de matériel hi-fi, des frontières turque, iranienne et pakistanaise) ou techniques (l'organisation de fêtes au milieu de nulle part)...
Tout n'est cependant pas rose aux pays des ravers, et c'est le grand mérite de ces documentaires, qui ressemblent parfois à des épisodes vachards de Strip-Tease (voir l'Anglais rebelle qui appelle son père au pays pour se faire livrer une boîte de vitesses à 1 000 livres en pleine Slovénie), de le rappeler. Obsédés par leur quête du «rythme initial», les DJ d'African Expedisound reconnaissent avoir sous-estimé la terrible réalité économique et sociale du continent noir. Et les travellers de Sound Conspiracy ne taisent pas leur déception quand la mythique scène trance de Goa se révèle «pourrie par le fric» et «un hédonisme replié sur lui-même». Ces derniers, comme leurs ancêtres hippies trente ans plus tôt, ont ensuite préféré retrouver un peu de «pureté» dans l'Himalaya.[/citation]
(source liberation)
:mickey: