RAPPORT DU TEK NOZ 2005
Le premier incident est apparu lorsque les médiateurs bretons du Korn'g Heol (Collectif des Sons de l'Ouest) ont demandé à la Préfecture un papier certifiant la légalité du Tek Noz 2005 (nom désormais donné au Teknival de Bretagne), et ce, afin que les Sound Systems puissent prouver aux loueurs de matériel sceptiques qu'ils n'encouraient aucun risque de saisies. Demande que M. Peraucho a immédiatement acceptée.
Après plusieurs relances de la part des médiateurs bretons, M. Peraucho leur répond qu'il ne peut leur fournir de papier générique. En revanche, si les médiateurs bretons lui fournisse une liste de personnes avec les noms et les coordonnées de leurs loueurs, il pourrait envoyer un courrier à ces loueurs. Étant à quatre jours du début de l'évènement, les médiateurs refusèrent et demandèrent une nouvelle fois une attestation, ne comprenant pas les raisons qui empêchaient Mr Peraucho de leur donner ce simple certificat. M. Peraucho leur répondit alors le 21 juin à 16h33 - le Tek Noz débutant le 23 au matin-, que toute personne nécessitant ce papier pouvait passer à la Préfecture de Saint Brieuc où il lui serait remis nominativement. Cet arrangement était bien évidemment impossible pour la grande majorité des Sound Systems, ce qui eut pour conséquence immédiate d’appauvrir la démarche artistique de certains Sound Systems, qui ne purent louer la totalité du matériel envisagé.
D’autre part, les médiateurs bretons devaient visiter le terrain le mercredi 15 juin mais M. Peraucho repoussa au lendemain, puis au surlendemain. Lors d’une réunion du vendredi soir, M. Peraucho annonca aux médiateurs que cette visite ne pouvait avoir lieu car ils risquaient de trouver sur place une population hostile et que cela aurait pu être dangereux pour eux.
Or, le jeudi 23 au matin, nous avons attendu plus de quatre heures M. Peraucho, qui n'est jamais arrivé, et cela sans fournir de motifs. Nous attendions en compagnie de M. le Maire de Carnöet, de son Adjoint, du Responsable délegué du Conseil Regional, du Capitaine des pompiers et des propriétaires des champs concernés. Nous n'avons constaté aucune hostilité de leur part, bien au contraire.
En effet, les agriculteurs nous ont affirmé avoir été informés de cette réquisition uniquement 8 jours auparavant avec l'ordre de couper immédiatement leurs cultures. De plus, ces agriculteurs nous ont affirmé avoir recu des pressions de la part de la Préfecture allant jusqu'aux menaces d'incarcérations afin qu'ils n'organisent pas de manifestations publiques pour exprimer leur mécontentement. Il leur a également été certifié que si la Préfecture avait dû réquisitionner ces terrains, c'est parce que nous avions imposé le lieu, à savoir les environs de Carhaix, ainsi que la date, et que nous n'avions pas fait la déclaration de l'évènement dans les délais prévus, c'est-à-dire au moins un mois avant selon la loi.
Or, je me dois de vous rappeler que la région de Carhaix accueille chaque année le Festival des Vieilles Charrues avec lequel le Tek Noz n'a désormais plus aucun rapport. Nous avons en effet souhaité nous différencier au maximum de cette manifestation car elle fut le lieu de nombreux affrontements entre agriculteurs et “teuffeurs” dans le passé, affrontements qui donnèrent lieux à la création d'une association d'agriculteurs anti-raves. Nous tenons à préciser que ce comité ne représente que lui-même, et est sans rapports avec les agriculteurs locaux, que M. Peraucho a reçu le jeudi en début d'après-midi ce comité alors que nous l'attendions, et qu'il n'a jamais daigné recevoir les agriculteurs locaux. Je vous rapelle également que nous avions demandé à ce que le Tek Noz se déroule le week end du 2 juillet, ce qui a été refusé en raison d’un congrès européen dans la région. L’abandon de la date avait donc été negocié en échange de la promesse de petites “Free” dans la région pour l’été. Or, nous avons appris que la raison réelle de cette modification est le mariage de la fille de M. le Prefet à cette date. De plus, un arrété préfectoral a été décrété interdisant toute “Rave” pendant le mois de juillet, ce qui dénote un mépris total des services de la Préfecture envers les médiateurs bretons. Et que les premiers contacts datent du mois de mars pour les Renseignements Généraux et d'Avril avec la Préfecture .
Nous avons donc informés les agriculteurs que nous avions demandé à ce que soient réquisitionnés uniquement des terres en jachère ou des terrains communaux. Nous avons également précisé que nous considérions que le fait de réquisitionner un terrain cultivé était un mépris du travail d'autrui. Ce à quoi M. le Maire nous a répondu qu'il existe un terrain plat en une seule parcelle de 40Ha aux alentours de la chapelle Saint Gildas à Carnöet, avec uniqement de l'herbe, accessible par de nombreuses routes, et qui plus est, bénéficiant d'une route circulaire sur le pourtour pour la circulation des secours. Ce fut le premier terrain proposé par la Mairie a la Préfecture -qui le refusa pour d'obscurs motifs.
En consequence, M. le Maire nous confia avoir dû proposé des terrains appartenant à des agriculteurs n'habitant pas la commune afin de ne pas être sanctionné dans les votes. De plus, il est a noter que Mr le Maire de Carnöet, bien que sympathisant de gauche, n'est rattaché à aucun parti politique - donc sans appuis politiques à l'heure actuelle.
En nous mettant ainsi sur des terres cultivées, dans une région hostile, en indiquant aux propriétaires que nous étions responsables du choix tardif du terrain et en empêchant un dialogue public préalable par le choix du Maire et les pressions anti manifestations, toutes ces réalités montrent à l’évidence que cela ne pouvait en aucun cas favoriser l'intégration sociale de ce genre de rassemblements...
En aucun cas le terrain n’a donc été choisi pour son accessiblité, ses critères de sécurité ou sa résistance écologique comme l’a déclaré M. Peraucho à la presse. Bien au contraire le site était sans aucun doute, tout à fait inadapté.
Tout d'abord par sa taille, 35Ha, ce qui était manifestement insuffisant pour un évènement de cette ampleur, étant donné que les véhicules auraient dû être stationnés in-situ. Le terrain devant faire office de parking se trouvait trop éloigné du premier terrain pour qu'il puisse y être intégré. Il a donc fallu demander à ce que soient réquisitionnés d'urgence le jeudi apres midi les 25Ha de réserves qui se trouvaient en bordure du terrain.
La majeure partie du terrain initial était en forte pente, ce qui s’avère très dangereux : cela met en péril l'équilibre des colonnes d'enceintes des Sound Systems, maximisant par là le risque d'incidents logistiques in-situ.
Lorsque nous sommes arrivés sur le site, le sol était jonché de paille sèche, restes des récentes coupes des cultures, ce qui etait extremement dangereux car cela aurait pu prendre feu à cause d'un simple mégot et nous aurions eu alors des centaines voire des milliers de morts en peu de temps. Il a donc fallu demander à ce que la paille soit ramassée, ce qui n'a été fait qu'en partie. Par chance, le temps a été assez humide et variable tout le week end.
Une autre partie du terrain était composée d'un champ fraichement labouré avec de jeunes pousses, donc inexploitable, car trop mou pour y poser des enceintes et surtout trop dangereux en cas de fortes pluies, il y avait de forts risques d'embourbement. Ce champ était entouré de fil de fer barbelés tout juste abattus au sol causant ainsi de nombreuses coupures et entailles aux participants. De plus, le terrain était jonché d'ornières et de tranchées, d’où les centaines de fractures et d'entorses à soigner, augmentant par là même les statistiques des interventions sanitaires et surtout diminuant la disponibilité des secours.
Il est également à noter que le terrain ne disposait d'aucun accès adaptés pour les secours, ce qui aurait pu être dramatique en cas d'incendie ou de catastrophe sanitaire. On peut d'ailleurs saluer l'excellent travail des pompiers dans ces conditions.
Lors des réunions de préparation du Tek Noz 2005, M. Peraucho avait opté pour une politique de soutien logistique important afin de s'assurer du bon déroulement de l'évènement. Il avait donc été promis aux médiateurs bretons qu'il leur serait fourni une grande tente militaire de type “marabout” avec un groupe électrogène et de l'éclairage. Nous aurions effectivement pu fournir ces éléments, mais de plus petite envergure, donc les médiateurs bretons ont bien évidemment accepté la proposition. Ainsi qu'un ballon lumineux pour que l'entrée soit vue de loin. M. Peraucho avait également parlé de deux points d'eau composés chacun de deux rampes de 100 robinets entourées de bottes de paille pour absorber le trop plein d'eau. Il fut prévu 32 bennes pour le ramassage des déchets et les médiateurs bretons demandèrent à ce que certaines bennes soient de type “à verre” comme celle que l'on peut voir dans la rue afin de pouvoir recycler le verre. Demande acceptée. Afin de diminuer le coût financier des toilettes, les médiateurs bretons suggérèrent à M. Peraucho qu'ils pourraient creuser des trous dans le sol si on leur prêtait un engin adapté et qu'il n'aurait plus qu'à faire poser par-dessus des cabines de bois d'un coût modeste. M. Peraucho a dit aux méditeurs de lui fournir les plans et qu'il se chargeait de tout.
La tente et le ballon ne sont jamais arrivées malgré les nombreuses relances à M. Peraucho qui nous assurait à chaque fois d'un léger retard. Le groupe et l'éclairage arrivèrent la nuit du vendredi au samedi à 2 heures du matin mais ils ne nous furent pas remis sous prétexte que nous ne pouvions garantir la sécurité du groupe et des lampes. Or, il est évident que, le poste de donation et la tente des bénévoles étant placés à moins de 20 m des lampes et du groupe, si une lampe d'une telle puissance s'était éteinte d'un coup et vu le poid de chacune d'entre elles et du groupe, il est fort à parier que nous n'aurions eu aucun mal à rattrapper le voleur qui se serait encombré de ce lourd fardeau avant qu'il n'ait eu le temps de débrancher les câbles, de charger son vehicule et de démarrer!
La mise en place de l'eau ne s'est faite que le vendredi à 15h, en un seul point, et dans un endroit introuvable par la plupart des participants puisqu'il se trouvait dans l'extremité du champ de 25 Ha réquisitionné à la dernière minute, non loin du PC des secours, qui s'étaient mis à l'écart pour plus de tranquilité dans le traitement des operations, mais sans éclairage particulier. De plus, nous avons compté 20 robinets sur les 400 promis et 10 000 bouteilles d’eau de 50cl ont été livrées et déchargées en plein soleil sur les 25 000 promises, soit une petite bouteille pour 5 personnes. Une fois de plus, le temps humide et variable a évité la catastrophe sanitaire.
20 bennes sur 32 initialement prévues furent livrées entre le jeudi et le vendredi et les bennes à verre n'étaient différenciées des autres que par un simple autocollant, ce qui fait que personne ne les distinguait, surtout la nuit, rendant par là caduque toute tentative de tri des déchets. Heureusement la plupart des participants disposaient de sacs poubelles et le nettoyage a donc pu se faire en majeure partie, même si il a été interrompu par l'évacuation avancée du site, contrairement à ce qu'a déclaré la Préfecture à la presse qui a fait état de seringues et de lames de rasoirs présentes massivement dans les fourrés, ce qui est bien évidemment une pure calomnie destinée à faire remonter les vieux stéréotypés de la toxicomanie. Quand on connait le faible pourcentage de personnes ayant recours à l'injection sur ce type de rassemblement, - notamment grâce au travail de prévention effectué par les associations de Réduction Des Risques depuis de nombreuses années.
En ce qui concerne les toilettes, elles étaient en fait composées de deux grands espaces, sans éclairage et sans signes distinctifs pour séparer les hommes des femmes, entourés d'une bache au milieu desquels se trouvaient un grand trou de 5m de long, 2m de large et 1.5m de profondeur par-dessus lequel il y avait deux planches sur lesquelles il fallait se tenir en équilibre pour défequer, en rang d'oignon, les uns devant les autres. Il est évident que peu de gens ont osé utiliser ces installations, surtout de nuit, car non seulement elles étaient très dangereuses, de l'aveu même des ouvriers les ayant posées qui ont avoues que cela risquait fort de ceder si le poid total des personnes en équilibre dépassait les 200 kilos, soit 3 ou 4 personnes alors que cela semblait être fait pour bien plus. Non seulement n'importe qui aurait pu se briser la nuque en glissant sur les déjections qui jonchaient la planche. Non seulement cela constituait un risque de propagation bactériologique, vu que les espaces n'étaient pas couverts et donc en plein soleil. Mais il s'agit en plus et surtout d'un profond mépris du respect dû à des Êtres
humains, d'une atteinte à la dignité humaine et morale!
Lors des réunions de préparation, le Colonel de gendarmerie insista pour que soit mis en place un parking à proximité du Tek Noz. Ne pouvant en garantir la sécurité et connaissant tout les problèmes inhérents aux parkings, les médiateurs bretons refusèrent mais acceptèrent le principe d'un parking de délestage, éclairé et sécurisé par une patrouille mobile, ne devant servir que le vendredi et le samedi pour ceux qui ne restaient sur place qu'une nuit.
Or, dès le jeudi matin, des barrages routiers filtraient les participants et ne laissaient rentrer sur le site que les véhicules de types “poid lourds”, les véhicules dit “véhicules légers” étant envoyés vers le parking. Lorsque M. Peraucho en fut informé, - par téléphone puisqu'il n'avait pas daigné venir au rendez vous que nous nous étions fixé- il nous assura qu'il s'agissait d'une simple erreur et que cela serait corrigé dans les plus brefs délais. Le soir arrivant, avec les premiers participants, et ne voyant toujours aucun changement dans le filtrage en amont, nous relançames M. Peraucho qui nous dit avoir passé des consignes un peu plus tôt. Bien évidemment, le parking n'était ni éclairé, ni sécurisé. De plus, il ne disposait d'aucun accès en direction du Tek Noz et les participants étaient obligés de grimper par-dessus une haie, les personnes handicapées ayant dues être soulevées à bout de bras dans leurs fauteuils, ce qui est absolument honteux.
A 2 heures du matin, un des médiateurs bretons, Samuel Raymond, décida de se rendre au PC securite qui se trouvait à plus de 4 km de l'évènement, donc inaccessible du vendredi au dimanche en raison de la circulation routiere difficile. Il a été recu par le Colonel de Gendarmerie à qui il demanda des explications, le Colonel lui ordonna de retourner immédiatement sur le site sous couvert de menaces physiques. Sur le trajet du retour, il fut controlé à plusieurs reprises de manière abusive, contrôles ayant dépassé les 30 minutes pour certains malgré sa carte de médiateur. Ceci constitue un delit flagrant d'abus de pouvoir et un harcèlement des médiateurs dans le but de les décourager d'assumer leurs fonctions. Il s'agit donc bel et bien d'un réel mépris du travail des médiateurs, mépris inqualifiable quand on sait que les médiateurs sont là pour aider les autorités à encadrer ce type d'évènements par leur experience de terrain et leurs possibilités d'actions in-situ.
Inquiets des conséquences que pourraient occasionner ce parking géant sans éclairage et sans surveillance, loin du terrain où se deroulait l'évènement, nous avons appelé M. Peraucho qui nous affirma que tout allait rentrer dans l'ordre d'ici l’aube. D’un commun accord, nous avons fixé un rendez-vous au lendemain, soit le vendredi, à 8H00. M. Peraucho vint donc - pour la première fois - à 08H30 et constatant l'inefficacité de ses consignes, il promit donc que tout serait mis en place d'ici quelques heures, promesse réiterée lors de sa dernière visite à 12H30, puis à chacune de nos relances telephoniques, mais qui n'eut jamais la moindre conséquence.
Le fait de diriger les participants vers un parking a considérablement affaibli notre organisation : nous ne pouvions plus procéder à une information par tractage des participants, ni à la distribution de sacs poubelles, ni à la traditionnelle donation qui devait être reversée aux associations locales et aux associations de Réduction Des Risques.
Bien évidemment, cela a donné lieu à créer une zone totalement incontrolable, où les dealers étaient présents en masse, ou des bandes allant jusqu'à 40 personnes rackettaient les participants ou pillaient les voitures, parfois même en présence de leurs propriétaires, où plusieurs coups de couteaux ont été donnés à plusieurs reprises et à diverses personnes. C’est ainsi, à notre grande désolation, que l'une d'entre elles a dû être hospitalisée d'urgence. De plus les gendarmes ont refusé d'intervenir sur le site, allant parfois jusqu'a tourner le dos ou même jusqu'a observer de loin les incidents qui se déroulaient en périphérie.
Ce sont donc les pompiers, consternés par cet état de fait, qui ont instauré des rondes à partir du vendredi dans la nuit. Encore une fois nous saluons le courage et l'efficacité du corps des Pompiers.
Le problème majeur est venu de la très mauvaise coordination avec les services de gendarmerie, et cela, dès le debut des préparatifs. En effet, lors des réunions préparatoires, le Colonel de gendarmerie ne semblait tenir aucun compte des avis des médiateurs bretons, pas plus que de leur expérience. Outre l'incident du parking et l'outrage fait à Samuel Raymond, les médiateurs bretons avaient insité dès l’origine sur les défauts du plan de circulation et de gestion des accès mais le Colonel leur fit comprendre à maintes reprises qu'il n'avait pas de conseils à recevoir. De plus, aucun plan du site ni de ses accès n’a été fourni aux médiateurs bretons, ni avant le début du festival, ni pendant, mais ce qui est pire encore, il n'en fut même pas distribué aux équipes de secours. En conséquence, le 20 juin, les médiateurs bretons déclarèrent à la presse ne pas pouvoir garantir la sécurite des bénévoles et des participants dans ces conditions.
La population locale fut donc prise en otage pendant toute la durée de l'évènement. Il s'en est suivi un fort mécontentement - et justifié - de celle-ci. Comme seulement 10 laissez-passer avaient été distribués par Mairie, certains riverains même munis d'un justificatif de domicile ne pouvaient accéder à leurs domiciles avec leurs véhicules. De plus, il avait été promis aux populations locales que des gendarmes seraient mis en patrouille autours des fermes environnantes, ce qui n'a pas éte le cas, le Colonel ayant préféré renforcé ses effectifs de contrôles.
Mais surtout il avait été décidé en réunion que la zône où Mathilde est morte tragiquement était une zone à risques pour de multiples raisons. Il avait aussi été décidé que les Sound Systems se chargeraient de former une barriere en contrebas de la pente afin d'empêcher que le champ en bordure de la forêt ne devienne une zone de vie, ce qui a été fait dès le jeudi matin, tandis que les services de gendarmerie placerait derrière ce champ, soit un cordon de gendarmes, soit des patrouilles de gendarmes motorisés, ce qui n'a jamais été fait, le Colonel ayant préfére encore une fois renforcer les effectifs des controles routiers.
Il est également à noter l'absence de véritables réunions de travail sur place, puisque je vous rappelle que M. Peraucho ne s'est deplacé que deux fois sur le site. Il n'est jamais venu au rendez vous que nous nous étions fixé le jeudi, il n'est venu que le vendredi matin, seul et sans documents de travail, à 8H30, puis à 12H30 accompagné du Colonel des Pompiers mais sans représentant des services de gendarmerie, ni de plan de travail. Il nous a donné rendez-vous le vendredi soir a 20H00 mais il m'a fait rappelé par un adjoint a 21h30 pour dire qu'il ne pourrait être là mais rappellerait dès que possible. Bien évidemment, nous n'avons jamais recu cet appel. Nous avions également prêté à M. Peraucho un talkie-walkie pour lui permettre de nous joindre à n'importe quel moment, mais M. Peraucho s'est très vite défaussé de cet instrument en le donnant aux Pompiers. Il est donc inqualifiable de la part de M. Peraucho d'avoir déclaré dans la presse que nous avions rompu tout contact avec lui.
Pour toutes ces raisons, nous avions envisagé dès le vendredi d'intenter en justice un référé contre M. Peraucho pour mise en danger de la vie d'autrui, acte qui ne s'était pas mis en place en raison de l'apparente bonne volonté de M. Peraucho à ce moment.
En raison des diverses déclarations calomnieuses des services de Préfecure dans la presse ou en privé mettant en cause la responsabilitée des médiateurs et des Sound Systems dans les divers incidents survenus dont la mort tragique de Mathilde Croguennec, nous avions envisagé de porter plainte avec l'appui de M. Rémy Lorinquer, Maire de Carnöet, contre ces services pour mise en danger de la vie d'autrui et non-respect des engagements pris au préalable. Mais M. le Maire a dû se retirer suite à de fortes pressions de la Préfecture le menaçant de faire de Carnöet le terrain de toutes les futures “Free” bretonnes
On remarque une totale incohérence entre la volonté émise par le Ministère de L’Intérieur d’une plus grande autogestion des Teknivals et les propositions faites par la Préfecture aux médiateurs à qui il a été dit que la Préfecture prenait tout en charge. Il semble malheureusement manifeste que M. Peraucho apparaissait comme de bonne volonté, qu’il n’a sans doute pu avoir les moyens promis et qu’une grande partie des problèmes rencontrés sont dus à des querelles intestines et à des volontés politiques divergentes dans leurs services. Cette divergence nous a été confirmée par le Capitaine des Pompiers, mais il est intolérable de ne pas pouvoir tenir ses engagements et de ne pas arriver à faire respecter ses ordres lorsque les vies de dizaines de milliers de jeunes Français sont en jeu!
Il est à remarquer une certaine similitude entre les incidents survenus au Teknival breton de Scaër en juillet 2004 avec les services de gendarmerie et ceux intervenus lors du Tek Noz 2005. Or, il semblerait que les équipes dirigeantes de la gendarmerie aient été les mêmes lors de ces deux évènements. De plus, Mme Bernadette Malgorn, Préfêt de Region, est relativement bien connue pour ses déclarations et ses actes hostiles à notre mouvement depuis de nombreuses années.
On peut toutefois noter l'excellente coordination et le très bon travail de la part des Pompiers et du GIR. Mais leurs pouvoirs étaient à l’évidence, bien insuffisants pour pouvoir remplacer les gendarmes dans leurs fonctions de protection de la sécurite des citoyens.
Il est d'évidence que, contrairement aux déclarations de la Préfecture à la presse, ce type d'accident, à savoir la mort tragique de Mathilde, n'est pas inhérent aux manifestations appelées “Teknivals”. Malheureusement, ce type de problèmes est déjà survenu sur de nombreux festivals, sur des parkings de boîtes de nuit, lors de fêtes de villages, lors de rassemblements catholiques ou tout simplement aux abords des campings. Toutefois, tout aurait pu être évité si ce plan de surveillance mis en place lors des réunions de préparation avec les médiateurs avait été suivi.
Il est également à noter que ce genre d’accidents dramatiques est le premier en plus de 12 ans de Teknivals, légaux ou illégaux, et que le mouvement tout entier porte le deuil de cette jeune teuffeuse de 18 ans, Mathilde Croguennec. Il faudra donc beaucoup de temps pour que les blessures se referment et que la colère s’apaise, sans aucun doute beaucoup moins de temps qu’il n’en faudra à la famille Croguennec...
Le premier incident est apparu lorsque les médiateurs bretons du Korn'g Heol (Collectif des Sons de l'Ouest) ont demandé à la Préfecture un papier certifiant la légalité du Tek Noz 2005 (nom désormais donné au Teknival de Bretagne), et ce, afin que les Sound Systems puissent prouver aux loueurs de matériel sceptiques qu'ils n'encouraient aucun risque de saisies. Demande que M. Peraucho a immédiatement acceptée.
Après plusieurs relances de la part des médiateurs bretons, M. Peraucho leur répond qu'il ne peut leur fournir de papier générique. En revanche, si les médiateurs bretons lui fournisse une liste de personnes avec les noms et les coordonnées de leurs loueurs, il pourrait envoyer un courrier à ces loueurs. Étant à quatre jours du début de l'évènement, les médiateurs refusèrent et demandèrent une nouvelle fois une attestation, ne comprenant pas les raisons qui empêchaient Mr Peraucho de leur donner ce simple certificat. M. Peraucho leur répondit alors le 21 juin à 16h33 - le Tek Noz débutant le 23 au matin-, que toute personne nécessitant ce papier pouvait passer à la Préfecture de Saint Brieuc où il lui serait remis nominativement. Cet arrangement était bien évidemment impossible pour la grande majorité des Sound Systems, ce qui eut pour conséquence immédiate d’appauvrir la démarche artistique de certains Sound Systems, qui ne purent louer la totalité du matériel envisagé.
D’autre part, les médiateurs bretons devaient visiter le terrain le mercredi 15 juin mais M. Peraucho repoussa au lendemain, puis au surlendemain. Lors d’une réunion du vendredi soir, M. Peraucho annonca aux médiateurs que cette visite ne pouvait avoir lieu car ils risquaient de trouver sur place une population hostile et que cela aurait pu être dangereux pour eux.
Or, le jeudi 23 au matin, nous avons attendu plus de quatre heures M. Peraucho, qui n'est jamais arrivé, et cela sans fournir de motifs. Nous attendions en compagnie de M. le Maire de Carnöet, de son Adjoint, du Responsable délegué du Conseil Regional, du Capitaine des pompiers et des propriétaires des champs concernés. Nous n'avons constaté aucune hostilité de leur part, bien au contraire.
En effet, les agriculteurs nous ont affirmé avoir été informés de cette réquisition uniquement 8 jours auparavant avec l'ordre de couper immédiatement leurs cultures. De plus, ces agriculteurs nous ont affirmé avoir recu des pressions de la part de la Préfecture allant jusqu'aux menaces d'incarcérations afin qu'ils n'organisent pas de manifestations publiques pour exprimer leur mécontentement. Il leur a également été certifié que si la Préfecture avait dû réquisitionner ces terrains, c'est parce que nous avions imposé le lieu, à savoir les environs de Carhaix, ainsi que la date, et que nous n'avions pas fait la déclaration de l'évènement dans les délais prévus, c'est-à-dire au moins un mois avant selon la loi.
Or, je me dois de vous rappeler que la région de Carhaix accueille chaque année le Festival des Vieilles Charrues avec lequel le Tek Noz n'a désormais plus aucun rapport. Nous avons en effet souhaité nous différencier au maximum de cette manifestation car elle fut le lieu de nombreux affrontements entre agriculteurs et “teuffeurs” dans le passé, affrontements qui donnèrent lieux à la création d'une association d'agriculteurs anti-raves. Nous tenons à préciser que ce comité ne représente que lui-même, et est sans rapports avec les agriculteurs locaux, que M. Peraucho a reçu le jeudi en début d'après-midi ce comité alors que nous l'attendions, et qu'il n'a jamais daigné recevoir les agriculteurs locaux. Je vous rapelle également que nous avions demandé à ce que le Tek Noz se déroule le week end du 2 juillet, ce qui a été refusé en raison d’un congrès européen dans la région. L’abandon de la date avait donc été negocié en échange de la promesse de petites “Free” dans la région pour l’été. Or, nous avons appris que la raison réelle de cette modification est le mariage de la fille de M. le Prefet à cette date. De plus, un arrété préfectoral a été décrété interdisant toute “Rave” pendant le mois de juillet, ce qui dénote un mépris total des services de la Préfecture envers les médiateurs bretons. Et que les premiers contacts datent du mois de mars pour les Renseignements Généraux et d'Avril avec la Préfecture .
Nous avons donc informés les agriculteurs que nous avions demandé à ce que soient réquisitionnés uniquement des terres en jachère ou des terrains communaux. Nous avons également précisé que nous considérions que le fait de réquisitionner un terrain cultivé était un mépris du travail d'autrui. Ce à quoi M. le Maire nous a répondu qu'il existe un terrain plat en une seule parcelle de 40Ha aux alentours de la chapelle Saint Gildas à Carnöet, avec uniqement de l'herbe, accessible par de nombreuses routes, et qui plus est, bénéficiant d'une route circulaire sur le pourtour pour la circulation des secours. Ce fut le premier terrain proposé par la Mairie a la Préfecture -qui le refusa pour d'obscurs motifs.
En consequence, M. le Maire nous confia avoir dû proposé des terrains appartenant à des agriculteurs n'habitant pas la commune afin de ne pas être sanctionné dans les votes. De plus, il est a noter que Mr le Maire de Carnöet, bien que sympathisant de gauche, n'est rattaché à aucun parti politique - donc sans appuis politiques à l'heure actuelle.
En nous mettant ainsi sur des terres cultivées, dans une région hostile, en indiquant aux propriétaires que nous étions responsables du choix tardif du terrain et en empêchant un dialogue public préalable par le choix du Maire et les pressions anti manifestations, toutes ces réalités montrent à l’évidence que cela ne pouvait en aucun cas favoriser l'intégration sociale de ce genre de rassemblements...
En aucun cas le terrain n’a donc été choisi pour son accessiblité, ses critères de sécurité ou sa résistance écologique comme l’a déclaré M. Peraucho à la presse. Bien au contraire le site était sans aucun doute, tout à fait inadapté.
Tout d'abord par sa taille, 35Ha, ce qui était manifestement insuffisant pour un évènement de cette ampleur, étant donné que les véhicules auraient dû être stationnés in-situ. Le terrain devant faire office de parking se trouvait trop éloigné du premier terrain pour qu'il puisse y être intégré. Il a donc fallu demander à ce que soient réquisitionnés d'urgence le jeudi apres midi les 25Ha de réserves qui se trouvaient en bordure du terrain.
La majeure partie du terrain initial était en forte pente, ce qui s’avère très dangereux : cela met en péril l'équilibre des colonnes d'enceintes des Sound Systems, maximisant par là le risque d'incidents logistiques in-situ.
Lorsque nous sommes arrivés sur le site, le sol était jonché de paille sèche, restes des récentes coupes des cultures, ce qui etait extremement dangereux car cela aurait pu prendre feu à cause d'un simple mégot et nous aurions eu alors des centaines voire des milliers de morts en peu de temps. Il a donc fallu demander à ce que la paille soit ramassée, ce qui n'a été fait qu'en partie. Par chance, le temps a été assez humide et variable tout le week end.
Une autre partie du terrain était composée d'un champ fraichement labouré avec de jeunes pousses, donc inexploitable, car trop mou pour y poser des enceintes et surtout trop dangereux en cas de fortes pluies, il y avait de forts risques d'embourbement. Ce champ était entouré de fil de fer barbelés tout juste abattus au sol causant ainsi de nombreuses coupures et entailles aux participants. De plus, le terrain était jonché d'ornières et de tranchées, d’où les centaines de fractures et d'entorses à soigner, augmentant par là même les statistiques des interventions sanitaires et surtout diminuant la disponibilité des secours.
Il est également à noter que le terrain ne disposait d'aucun accès adaptés pour les secours, ce qui aurait pu être dramatique en cas d'incendie ou de catastrophe sanitaire. On peut d'ailleurs saluer l'excellent travail des pompiers dans ces conditions.
Lors des réunions de préparation du Tek Noz 2005, M. Peraucho avait opté pour une politique de soutien logistique important afin de s'assurer du bon déroulement de l'évènement. Il avait donc été promis aux médiateurs bretons qu'il leur serait fourni une grande tente militaire de type “marabout” avec un groupe électrogène et de l'éclairage. Nous aurions effectivement pu fournir ces éléments, mais de plus petite envergure, donc les médiateurs bretons ont bien évidemment accepté la proposition. Ainsi qu'un ballon lumineux pour que l'entrée soit vue de loin. M. Peraucho avait également parlé de deux points d'eau composés chacun de deux rampes de 100 robinets entourées de bottes de paille pour absorber le trop plein d'eau. Il fut prévu 32 bennes pour le ramassage des déchets et les médiateurs bretons demandèrent à ce que certaines bennes soient de type “à verre” comme celle que l'on peut voir dans la rue afin de pouvoir recycler le verre. Demande acceptée. Afin de diminuer le coût financier des toilettes, les médiateurs bretons suggérèrent à M. Peraucho qu'ils pourraient creuser des trous dans le sol si on leur prêtait un engin adapté et qu'il n'aurait plus qu'à faire poser par-dessus des cabines de bois d'un coût modeste. M. Peraucho a dit aux méditeurs de lui fournir les plans et qu'il se chargeait de tout.
La tente et le ballon ne sont jamais arrivées malgré les nombreuses relances à M. Peraucho qui nous assurait à chaque fois d'un léger retard. Le groupe et l'éclairage arrivèrent la nuit du vendredi au samedi à 2 heures du matin mais ils ne nous furent pas remis sous prétexte que nous ne pouvions garantir la sécurité du groupe et des lampes. Or, il est évident que, le poste de donation et la tente des bénévoles étant placés à moins de 20 m des lampes et du groupe, si une lampe d'une telle puissance s'était éteinte d'un coup et vu le poid de chacune d'entre elles et du groupe, il est fort à parier que nous n'aurions eu aucun mal à rattrapper le voleur qui se serait encombré de ce lourd fardeau avant qu'il n'ait eu le temps de débrancher les câbles, de charger son vehicule et de démarrer!
La mise en place de l'eau ne s'est faite que le vendredi à 15h, en un seul point, et dans un endroit introuvable par la plupart des participants puisqu'il se trouvait dans l'extremité du champ de 25 Ha réquisitionné à la dernière minute, non loin du PC des secours, qui s'étaient mis à l'écart pour plus de tranquilité dans le traitement des operations, mais sans éclairage particulier. De plus, nous avons compté 20 robinets sur les 400 promis et 10 000 bouteilles d’eau de 50cl ont été livrées et déchargées en plein soleil sur les 25 000 promises, soit une petite bouteille pour 5 personnes. Une fois de plus, le temps humide et variable a évité la catastrophe sanitaire.
20 bennes sur 32 initialement prévues furent livrées entre le jeudi et le vendredi et les bennes à verre n'étaient différenciées des autres que par un simple autocollant, ce qui fait que personne ne les distinguait, surtout la nuit, rendant par là caduque toute tentative de tri des déchets. Heureusement la plupart des participants disposaient de sacs poubelles et le nettoyage a donc pu se faire en majeure partie, même si il a été interrompu par l'évacuation avancée du site, contrairement à ce qu'a déclaré la Préfecture à la presse qui a fait état de seringues et de lames de rasoirs présentes massivement dans les fourrés, ce qui est bien évidemment une pure calomnie destinée à faire remonter les vieux stéréotypés de la toxicomanie. Quand on connait le faible pourcentage de personnes ayant recours à l'injection sur ce type de rassemblement, - notamment grâce au travail de prévention effectué par les associations de Réduction Des Risques depuis de nombreuses années.
En ce qui concerne les toilettes, elles étaient en fait composées de deux grands espaces, sans éclairage et sans signes distinctifs pour séparer les hommes des femmes, entourés d'une bache au milieu desquels se trouvaient un grand trou de 5m de long, 2m de large et 1.5m de profondeur par-dessus lequel il y avait deux planches sur lesquelles il fallait se tenir en équilibre pour défequer, en rang d'oignon, les uns devant les autres. Il est évident que peu de gens ont osé utiliser ces installations, surtout de nuit, car non seulement elles étaient très dangereuses, de l'aveu même des ouvriers les ayant posées qui ont avoues que cela risquait fort de ceder si le poid total des personnes en équilibre dépassait les 200 kilos, soit 3 ou 4 personnes alors que cela semblait être fait pour bien plus. Non seulement n'importe qui aurait pu se briser la nuque en glissant sur les déjections qui jonchaient la planche. Non seulement cela constituait un risque de propagation bactériologique, vu que les espaces n'étaient pas couverts et donc en plein soleil. Mais il s'agit en plus et surtout d'un profond mépris du respect dû à des Êtres
humains, d'une atteinte à la dignité humaine et morale!
Lors des réunions de préparation, le Colonel de gendarmerie insista pour que soit mis en place un parking à proximité du Tek Noz. Ne pouvant en garantir la sécurité et connaissant tout les problèmes inhérents aux parkings, les médiateurs bretons refusèrent mais acceptèrent le principe d'un parking de délestage, éclairé et sécurisé par une patrouille mobile, ne devant servir que le vendredi et le samedi pour ceux qui ne restaient sur place qu'une nuit.
Or, dès le jeudi matin, des barrages routiers filtraient les participants et ne laissaient rentrer sur le site que les véhicules de types “poid lourds”, les véhicules dit “véhicules légers” étant envoyés vers le parking. Lorsque M. Peraucho en fut informé, - par téléphone puisqu'il n'avait pas daigné venir au rendez vous que nous nous étions fixé- il nous assura qu'il s'agissait d'une simple erreur et que cela serait corrigé dans les plus brefs délais. Le soir arrivant, avec les premiers participants, et ne voyant toujours aucun changement dans le filtrage en amont, nous relançames M. Peraucho qui nous dit avoir passé des consignes un peu plus tôt. Bien évidemment, le parking n'était ni éclairé, ni sécurisé. De plus, il ne disposait d'aucun accès en direction du Tek Noz et les participants étaient obligés de grimper par-dessus une haie, les personnes handicapées ayant dues être soulevées à bout de bras dans leurs fauteuils, ce qui est absolument honteux.
A 2 heures du matin, un des médiateurs bretons, Samuel Raymond, décida de se rendre au PC securite qui se trouvait à plus de 4 km de l'évènement, donc inaccessible du vendredi au dimanche en raison de la circulation routiere difficile. Il a été recu par le Colonel de Gendarmerie à qui il demanda des explications, le Colonel lui ordonna de retourner immédiatement sur le site sous couvert de menaces physiques. Sur le trajet du retour, il fut controlé à plusieurs reprises de manière abusive, contrôles ayant dépassé les 30 minutes pour certains malgré sa carte de médiateur. Ceci constitue un delit flagrant d'abus de pouvoir et un harcèlement des médiateurs dans le but de les décourager d'assumer leurs fonctions. Il s'agit donc bel et bien d'un réel mépris du travail des médiateurs, mépris inqualifiable quand on sait que les médiateurs sont là pour aider les autorités à encadrer ce type d'évènements par leur experience de terrain et leurs possibilités d'actions in-situ.
Inquiets des conséquences que pourraient occasionner ce parking géant sans éclairage et sans surveillance, loin du terrain où se deroulait l'évènement, nous avons appelé M. Peraucho qui nous affirma que tout allait rentrer dans l'ordre d'ici l’aube. D’un commun accord, nous avons fixé un rendez-vous au lendemain, soit le vendredi, à 8H00. M. Peraucho vint donc - pour la première fois - à 08H30 et constatant l'inefficacité de ses consignes, il promit donc que tout serait mis en place d'ici quelques heures, promesse réiterée lors de sa dernière visite à 12H30, puis à chacune de nos relances telephoniques, mais qui n'eut jamais la moindre conséquence.
Le fait de diriger les participants vers un parking a considérablement affaibli notre organisation : nous ne pouvions plus procéder à une information par tractage des participants, ni à la distribution de sacs poubelles, ni à la traditionnelle donation qui devait être reversée aux associations locales et aux associations de Réduction Des Risques.
Bien évidemment, cela a donné lieu à créer une zone totalement incontrolable, où les dealers étaient présents en masse, ou des bandes allant jusqu'à 40 personnes rackettaient les participants ou pillaient les voitures, parfois même en présence de leurs propriétaires, où plusieurs coups de couteaux ont été donnés à plusieurs reprises et à diverses personnes. C’est ainsi, à notre grande désolation, que l'une d'entre elles a dû être hospitalisée d'urgence. De plus les gendarmes ont refusé d'intervenir sur le site, allant parfois jusqu'a tourner le dos ou même jusqu'a observer de loin les incidents qui se déroulaient en périphérie.
Ce sont donc les pompiers, consternés par cet état de fait, qui ont instauré des rondes à partir du vendredi dans la nuit. Encore une fois nous saluons le courage et l'efficacité du corps des Pompiers.
Le problème majeur est venu de la très mauvaise coordination avec les services de gendarmerie, et cela, dès le debut des préparatifs. En effet, lors des réunions préparatoires, le Colonel de gendarmerie ne semblait tenir aucun compte des avis des médiateurs bretons, pas plus que de leur expérience. Outre l'incident du parking et l'outrage fait à Samuel Raymond, les médiateurs bretons avaient insité dès l’origine sur les défauts du plan de circulation et de gestion des accès mais le Colonel leur fit comprendre à maintes reprises qu'il n'avait pas de conseils à recevoir. De plus, aucun plan du site ni de ses accès n’a été fourni aux médiateurs bretons, ni avant le début du festival, ni pendant, mais ce qui est pire encore, il n'en fut même pas distribué aux équipes de secours. En conséquence, le 20 juin, les médiateurs bretons déclarèrent à la presse ne pas pouvoir garantir la sécurite des bénévoles et des participants dans ces conditions.
La population locale fut donc prise en otage pendant toute la durée de l'évènement. Il s'en est suivi un fort mécontentement - et justifié - de celle-ci. Comme seulement 10 laissez-passer avaient été distribués par Mairie, certains riverains même munis d'un justificatif de domicile ne pouvaient accéder à leurs domiciles avec leurs véhicules. De plus, il avait été promis aux populations locales que des gendarmes seraient mis en patrouille autours des fermes environnantes, ce qui n'a pas éte le cas, le Colonel ayant préféré renforcé ses effectifs de contrôles.
Mais surtout il avait été décidé en réunion que la zône où Mathilde est morte tragiquement était une zone à risques pour de multiples raisons. Il avait aussi été décidé que les Sound Systems se chargeraient de former une barriere en contrebas de la pente afin d'empêcher que le champ en bordure de la forêt ne devienne une zone de vie, ce qui a été fait dès le jeudi matin, tandis que les services de gendarmerie placerait derrière ce champ, soit un cordon de gendarmes, soit des patrouilles de gendarmes motorisés, ce qui n'a jamais été fait, le Colonel ayant préfére encore une fois renforcer les effectifs des controles routiers.
Il est également à noter l'absence de véritables réunions de travail sur place, puisque je vous rappelle que M. Peraucho ne s'est deplacé que deux fois sur le site. Il n'est jamais venu au rendez vous que nous nous étions fixé le jeudi, il n'est venu que le vendredi matin, seul et sans documents de travail, à 8H30, puis à 12H30 accompagné du Colonel des Pompiers mais sans représentant des services de gendarmerie, ni de plan de travail. Il nous a donné rendez-vous le vendredi soir a 20H00 mais il m'a fait rappelé par un adjoint a 21h30 pour dire qu'il ne pourrait être là mais rappellerait dès que possible. Bien évidemment, nous n'avons jamais recu cet appel. Nous avions également prêté à M. Peraucho un talkie-walkie pour lui permettre de nous joindre à n'importe quel moment, mais M. Peraucho s'est très vite défaussé de cet instrument en le donnant aux Pompiers. Il est donc inqualifiable de la part de M. Peraucho d'avoir déclaré dans la presse que nous avions rompu tout contact avec lui.
Pour toutes ces raisons, nous avions envisagé dès le vendredi d'intenter en justice un référé contre M. Peraucho pour mise en danger de la vie d'autrui, acte qui ne s'était pas mis en place en raison de l'apparente bonne volonté de M. Peraucho à ce moment.
En raison des diverses déclarations calomnieuses des services de Préfecure dans la presse ou en privé mettant en cause la responsabilitée des médiateurs et des Sound Systems dans les divers incidents survenus dont la mort tragique de Mathilde Croguennec, nous avions envisagé de porter plainte avec l'appui de M. Rémy Lorinquer, Maire de Carnöet, contre ces services pour mise en danger de la vie d'autrui et non-respect des engagements pris au préalable. Mais M. le Maire a dû se retirer suite à de fortes pressions de la Préfecture le menaçant de faire de Carnöet le terrain de toutes les futures “Free” bretonnes
On remarque une totale incohérence entre la volonté émise par le Ministère de L’Intérieur d’une plus grande autogestion des Teknivals et les propositions faites par la Préfecture aux médiateurs à qui il a été dit que la Préfecture prenait tout en charge. Il semble malheureusement manifeste que M. Peraucho apparaissait comme de bonne volonté, qu’il n’a sans doute pu avoir les moyens promis et qu’une grande partie des problèmes rencontrés sont dus à des querelles intestines et à des volontés politiques divergentes dans leurs services. Cette divergence nous a été confirmée par le Capitaine des Pompiers, mais il est intolérable de ne pas pouvoir tenir ses engagements et de ne pas arriver à faire respecter ses ordres lorsque les vies de dizaines de milliers de jeunes Français sont en jeu!
Il est à remarquer une certaine similitude entre les incidents survenus au Teknival breton de Scaër en juillet 2004 avec les services de gendarmerie et ceux intervenus lors du Tek Noz 2005. Or, il semblerait que les équipes dirigeantes de la gendarmerie aient été les mêmes lors de ces deux évènements. De plus, Mme Bernadette Malgorn, Préfêt de Region, est relativement bien connue pour ses déclarations et ses actes hostiles à notre mouvement depuis de nombreuses années.
On peut toutefois noter l'excellente coordination et le très bon travail de la part des Pompiers et du GIR. Mais leurs pouvoirs étaient à l’évidence, bien insuffisants pour pouvoir remplacer les gendarmes dans leurs fonctions de protection de la sécurite des citoyens.
Il est d'évidence que, contrairement aux déclarations de la Préfecture à la presse, ce type d'accident, à savoir la mort tragique de Mathilde, n'est pas inhérent aux manifestations appelées “Teknivals”. Malheureusement, ce type de problèmes est déjà survenu sur de nombreux festivals, sur des parkings de boîtes de nuit, lors de fêtes de villages, lors de rassemblements catholiques ou tout simplement aux abords des campings. Toutefois, tout aurait pu être évité si ce plan de surveillance mis en place lors des réunions de préparation avec les médiateurs avait été suivi.
Il est également à noter que ce genre d’accidents dramatiques est le premier en plus de 12 ans de Teknivals, légaux ou illégaux, et que le mouvement tout entier porte le deuil de cette jeune teuffeuse de 18 ans, Mathilde Croguennec. Il faudra donc beaucoup de temps pour que les blessures se referment et que la colère s’apaise, sans aucun doute beaucoup moins de temps qu’il n’en faudra à la famille Croguennec...