et aussi...
Vu sur l'Est Républicain :
« Pour l'amour de la techno »
Benoît Roulot, alias Benos, membre de l'organisation, décrypte le teknival.
- Qui êtes-vous ? Qui sont les organisateurs du teknival de Toul-Rosières ?
- Nous sommes des faiseurs de culture qui cherchons à obtenir un pouvoir faire. A part ça, nous sommes des amoureux de la musique tekno. Nous apportons nos « sound system » pour un moment de musique et de partage. Nous sommes des gens comme les autres. Moi-même, je suis informaticien, mes copains travaillent...
- Aujourd'hui, on est loin des « free party » illégales... Tout est balisé, autorisé, surveillé. Que pensez-vous de cette évolution ?
- Dans les années 90, en dehors des grosses « rave » payantes, il y a eu des rassemblements sur le modèle des bals populaires. Les premières fêtes tekno ont été organisées par des tribus d'Anglais qui vivaient en camions, qui avaient quitté l'Angleterre de Thatcher. En France, le succès a été immense, tellement important qu'il y a eu des problèmes d'ordre public. C'est ainsi qu'a été promulguée la loi sur la sécurité quotidienne, en 2001. Mais, nous ne sommes pas satisfaits de ce fonctionnement. C'est trop lourd. Il faut s'organiser 6 mois à l'avance. On revendique des rassemblements plus limités, plus locaux. Pour autant, on discute avec l'Institution, on est dans la médiation. On n'est pas des sauvages !
- Vous attendez combien de « teufeurs » ce week-end, combien de « sound system » ?
- C'est impossible à dire. Il y a des gens qui viennent de toutes les régions. Le premier mai, pour nous, c'est une date symbolique. Il y aura beaucoup de monde, dès vendredi matin, jusqu'à mardi.
- Lorsqu'on parle de teknival, on voit tout de suite les dérives, la drogue qui circule... Que faites-vous pour éviter cela ?
- On réfute cela. D'ailleurs, nous avons un cahier des charges et des « flyers » de bonne conduite distribués à l'entrée, en même temps qu'un sac poubelle pour chacun. Le cahier des charges prévoit des accès d'eau potable, des secours, la Croix Rouge, des douaniers. La bonne conduite, c'est d'alerter sur les risques liés aux stupéfiants, la prévention des incivilités, la propreté, le respect de l'environnement, la responsabilité individuelle. La drogue, on n'est pas pour. On veut éviter cette spéculation financière des dealers autour du teknival, menée par des vautours.
- L'entrée est libre ? Payez-vous quelque chose pour le nettoyage ou le dérangement des riverains ?
- Il y a une donation libre à l'entrée. Nous reverserons quelque chose à la commune. C'est très variable, difficile à chiffrer dès maintenant.
- En deux mots, qu'est-ce qui vous motive, vous les organisateurs, comme les participants ?
- Très clairement, c'est l'amour de la musique techno et de l'échange.
Teknival à Toul-Rosières : 100.000 « teufeurs » attendus
Week-end de « ouf » à Toul-Rosières où des milliers de jeunes vont converger pour le teknival du premier mai !
NANCY. - Dès vendredi soir, les décibels seront lâchés. L'ex-base aérienne de Toul-Rosières sera le théâtre, durant tout le week-end, d'un « tekos », rassemblement de milliers de personnes autour de plusieurs « sound system », ces murs de son capable d'inonder de musique tekno plusieurs kilomètres à la ronde ! Désormais soumis à autorisation et solidement encadrés, les teknivals n'ont pourtant rien perdu de leur aura inquiétante. Pas un hasard si la Préfecture est sur les dents !
Pas moins de six escadrons de gendarmes mobiles vont se concentrer sur le paisible village de Rosières-en-Haye, le plus proche de la « teuf ». Toutes les permissions des gendarmes de groupement de Meurthe-et-Moselle ont été annulées. Les brigades des stups sont mobilisées, en même temps que de nombreuses associations de prévention, tant dans le domaine de la drogue, que des troubles auditifs. Sur place, la sécurité civile devra sans doute faire face à l'afflux habituel de blessés légers, de malaises et d'intoxications de toutes sortes...
Débordements
Bien canalisés sur l'ex-base aérienne de Toul-Rosières, les « teufeurs » seront placés tout à la fois sous surveillance et sous... assistance. Pendant quatre jours, par exemple, il faudra les alimenter en eau potable. On est loin de l'esprit d'origine des « free-party ». Ce mouvement, lancé en Europe dans le milieu des années 90, organisait alors des rassemblements « libres » en toute illégalité.
Aujourd'hui, les teknivals bénéficient d'autorisations préfectorales et, sur place, les organisateurs réalisent même des collectes pour participer au remboursement des dégâts. Cela n'empêche pas les débordements. En Lorraine, le dernier « tekos » s'est déroulé sur la base de Chambley, le week-end du premier mai 2004. Au plus fort de la fête, on a compté 90.000 participants. On en attend jusqu'à 100.000 à Toul-Rosières.
Faut-il en déduire que le bilan sera le même ? A Chambley, sur plus de 1.500 contrôles, on avait relevé 47 infractions à la législation sur les stupéfiants et 57 au code de la route. Cinq « teufeurs » avaient été trouvés porteurs de 4.000 cachets d'ecstasy, 660 grammes de résine de cannabis, 251 grammes d'herbe, 8 grammes de cocaïne et 10 de crack. D'autres avaient été pris avec des amphétamines et d'autres encore avec des buvards de LSD...
Boules Quiès
Un teknival ne se résume pas pour autant à un supermarché de la drogue. Les organisateurs et la majorité des participants rejettent cette vision réductrice. Pour eux, c'est d'abord la fête et la musique qui motivent le déplacement de milliers de jeunes, certains venus de l'autre bout de la France, voire de l'étranger. A Toul-Rosières, on attend pas mal de Belges et de Hollandais, paraît-il.
Sur les sites internet communautaires d'amateurs de « tekos » (elektrozone. org, illegalparty. com, taznetwork. net, teufeurs. org, ravest. net, etc... ), on commence à discuter ferme du week-end à venir et à s'organiser. Même la question du co-voiturage est déjà à l'ordre du jour ! Certains vont parcourir des centaines de kilomètres pour trois jours sans sommeil, de musique et de défonce. Pas d'invitation, pas de tickets, pas de « flyers »...
C'est le règne du bouche à oreille. L'info circule à la vitesse surpersonique sur le net. Ceux qui s'intéressent aux teknivals sont au courant depuis longtemps et ont déjà bloqué leur week-end. C'est tout un monde parallèle qui va s'abattre sur les alentours de Rosières-en-Haye. Ceux qui ne goûtent pas la tekno n'ont plus qu'à se munir de bonnes boules Quiès ! En attendant le grand nettoyage de la zone, qui commencera dès mardi.