Sounds From The Ground : un nom à la fois flou et évocateur, a été formé en 1995 par Nick Woolfson et Elliot Jones, tous deux investis chacun de leur côté dans la scène underground londonienne "mythique" des années 90s.. De leur rencontre naîtra un an plus tard un premier album titré Kin, qui marqua déjà les esprits, en réunissant Hip Hop, Dub et Jazz. Cette fusion va rapidement attirer l'attention vers eux chez des "figures" du down-tempo en général.. Ainsi le long morceau "Triangle" sera maintes fois sélectionné sur de prestigieuses compilations, et le superbe "Where The Wild Things Were" inséré par Unity Dub entre un Youth et un Dub Mix Convention (Gabriel Le Mar) pour son "Voyage Into Paradise" du côté de Liquid Sound Design..
Malgré la sortie en 1997 d'un EP auprès du label (qui deviendra..) référence Interchill (Drawn To The Woman, comportant un remix des talentueux mais rares Kaleidoscope) Il faudra patienter 3 ans avant de pouvoir apprécier leur second album titré Mosaic en Europe et Terra Firma du côté de Waveform Records (sortie U.S.). Ce qui n'est pas un mal étant donné la qualité de cet opus.. légèrement plus sombre mais toujours très atmosphérique. Cet album va achever de forger leur réputation, et ce n'est pas moins de 4 titres qui seront sortis sur des compilations références, tant chez Interchill, Big Chill ou encore le regretté Planet Dog.. Le titre "Rye" reste pour moi une référence ambient..
Plus anecdotique, et de prime abord destiné au public allemand, l'album/compilation Footprints sort en 2001 chez Black Flame, et regroupe des morceaux issus des précédents Kin et Mozaic, plus deux titres inédits : "Mellisma" et une version chantée de "Snow" avec Red Jen, qui préfigure le futur travail de SFTG, sans doute séduits par le résultat. L'expérience du chant va en effet se répéter, avec bonheur..
Ainsi l'année suivante sort l'EP Lean On Me chez Nettwerk UK, sur lequel Colein prête sa voix à un beat Trip Hop lanscinant et une ambiance énigmatique. Ce titre ouvrira leur troisième album : Natural Selection, où l'experience mentionnée plus haut se décline à 7 reprises (pour 10 titres), avec des noms tels que Nicola Hitchcock, Aine et General Levy, dont l'album New Breed sorti en 1999 a été ré-édité en 2002 par le célèbre label TroJan. Un album qui laisse imaginer que le groupe a besoin d'exprimer des choses nouvelles, mais qui ne renie pas pour autant leurs idées premières, témoin les superbes touches de saxophone apprêtées au grandiose "Inner World".
D'autres titres ou remixes (un Impact All Stars, un Suns Of Arqa particulèrement réussi, ou Zion Train remixant "Snow") sont sortis dans cette période, tels le très réussi "Idlewild".. Et puis, fin 2004, arrive Luminal, le quatrième album du duo.. sorti chez Waveform aux US et Amboworld en Europe, avec covers et ordres des morceaux différents :
J'ai donc acquis une copie Amboworld, le tracklist est ainsi le suivant :
1. Razz
2. As The Day Goes By (feat Tanya Tagaq Gillis)
3. Stampede (feat Rachel Calladine)
4. Ten Tons Of Dope (feat Dillinger)
5. London Fields
6. Tumbledown (feat BJ Cole)
7. Move On (feat Taz)
8. Burning Bright
9. Poems
Amateur de Reggae, inutile de vous dire que la présence de Dillinger sur cet album n'a fait que précipiter mon click sur "commander", si tant est qu'il fallait précipiter quoi que ce soit.. Un Sounds From The Ground ne peut que valoir des points.. Et cette plage 04 ne sera pas ma seule très très.. très bonne surprise..
Yalla..01 -- Razz
Track très ambient, la rythmique subtile se pose seulement après la deuxième minute. Très agréable, il laisse cependant une impression d'exercice, ou de "figure imposée", caractérisé par un classicisme et une certaine application. Ambiance épurée, et éléments disparates complètent une rythmique très légère, où les hi-hats subtils sont mis en avant. Des éléments plus spécifiquement "Trance" en raviront plus d'un, amateurs d'Ishq, voici pour vous RazZ.
02 -- As The Day Goes By
Ouverture beaucoup plus directe, la rythmique quelque peu Abstract HipHop se dévoilant d'emblée, vite accompagnée d'une basse dont la partition berce parfaitement l'ensemble. La contribution de Tanya se matérialise en brefs vocalises et chuchotements, habilement filtrés.. L'ambiance est elle assez typique de la touche SFTG.. Posée, aux mélodies simples mais toujours si bien "trouvées", et ponctuée de sons discrets, mais suffisamment présents pour lui donner une certaine ampleur.
03 -- Stampede
Aïe aïe aïe, l'une des claques de cet album. Un Trip Hop lanscinant sorti de nulle part, soutenu par une ligne de basse sensationelle (au sens littéral). L'atmosphère très flottante est parfois lestée d'un son très gras, qui s'y intègre admirablement, contrastant avec la voix céleste de Rachel Calladine, qui n'est pas la première venue.. Après des débuts "farfelus" : Steve Rubie, gérant de la légendaire salle de Jazz "606 Club" a reçu d'elle une démo qu'il qualifiera "d'une des pires qu'il ait eu à écouter" ; 5 ans plus tard elle avait travaillé en tant que choriste avec les Spice Girls ou Kylie Minogue, et surtout elle avait réussi à se faire un nom au Club 606 et dans la scène Jazz. Revenons à ce fabuleux "Stampede".. Après la quatrième minute, ce son "gras" décrit plus haut vient s'intensifier, donnant plus de poids encore à la ligne de basse, et achevant de me rendre fou de ce titre...
04 -- Ten Tons Of Dope
Soft Dub épicé de percus chaloupées, et tracté par une ligne de basse minimaliste. La construction semble axée autours du chiffre 3 (il symblise la réunion) : Basse, accords de piano, et notes de la nappe atmosphérique qui composent ce titre lui sont astreints. La voix grave et caractéristique du fameux, et à l'époque petit protégé de Lee Scratch Perry, Dillinger ("Cocaine In My Brain", c'est lui !) venant enrichir cette construction est bien pénétrante, tandis que les petits inserts typiquement Dub distillés par Nick et Elliot achèvent de parfaire ce titre.
05 -- London Fields
Une intro à l'ambiance urbaine (est-ce Big Ben que l'on entend sonner ?) débouche sur un long passage illbient (nappe aérienne ponctuée de sons épars). La tension est générée par une boucle superbe et légère, alors que l'ensemble prend très lentement de l'ampleur, jusqu'à ce qu'une ligne de basse vienne l'assoir. La rythmique ne vient se poser telle une plume qu'au-delà de la quatrième minute. Elle est empreinte de majesté, les sons sélectionnés pour la constituer sont beaux, tout simplement. Dès lors le fond musical s'amplifie davantage, dans une progression lente mais constante, jusqu'au déclin du morceau. "London Fields" est grandiose, sublime, trippant, quelque soit l'épithète, il est ! This is ambient !!! Et merci à SFTG..
06 -- Tumbledown
Je profite du passage d'un cheval au galop, qui ne manquera pas d'hennir en t'apercevant, pour signaler que BJ Cole qui collabore avec SFTG sur ce titre est un spécialiste de la pedal steel guitar dont le talent a été largement mis à contribution par The Verve, Beck, Spiritualized Scott Walker ou John Cale (pour ne citer que les plus connus). Sa collaboration avec Luke Vibert (l'album Stop the Panic reste dans les annales de la musique électronique..). Passée cette intro décalée, SFTG nous distille un dub lent, structuré simplement mais toujours avec brio, afin de permettre au guitariste de s'exprimer sans rendre l'ensemble indigeste..
07 -- Move On
Que dire, que peut on écrire lorsque peu de mots parviennent à l'esprit.. "Move On" est énorme, depuis son introduction, l'apparition de la rythmique Trip Hop fantastique, emmenée par un arpège d'une efficacité rare.. Elle appuyée par une basse issue de synthé, aux sonorités très Drum'n'Bass.. De cet ensemble massif jaillissent divers son trancy, digestes (!!), et légers. Quelques accords de piano soutiennent la voix de Taz.. Et quelle voix ! Elle qui a travaillé tant avec CJ Bolland, que Sin E' ou Juno Reactor pour ne mentionner qu'eux, offre quelque chose de très spécial au duo SFTG.. Ceux-ci filtrent ce chant de temps en temps, avec une subtilité remarquable, juste assez pour donner une dimension singulière au morceau, et sans sombrer dans un effet trop robotisé ou science fiction qui aurait sonné fade sur une telle rythmique. Je me répète : énorme.
08 -- Burning Bright
Hahaha... mon petit cadeau en prime, avec ce track plus musclé, presque Big Beat, emmené par une basse synthé recherchée et massive. Percussions, scratches léger, ponctuations plus aériennes et autres éléments disparates, savamment combinés, et composés (le break et la relance au début de la quatrième minute sont un modèle du genre), déclenchent l'irrésitible boOgie in my Bones.. L'espèce d'accord de guitarre en pédale Wha Wha, très filtré, est remarquable d'efficacité, terme qui définit fort bien l'ensemble de ce "Burning Bright".. BoOmbastic.
09 -- Poems
Le point final (européen) de l'album sonne à nouveau plus trancey : nappes atmosphériques et mélodie tansposée se détache d'un arpège s'exprimant sur une rythmique une fois encore construite de main de maitre(s).. Le travail sur la caisse claire est à souligner, et donne une dynamique intéressante à l'ensemble.. Lequel est complexe, dégageant à la fois une énergie non négligeable, une ambiance apaisante, et une touche hypnotique (apportée par la mélodie "rotative" - je vais qualifier ça ainsi..). Une très belle conclusion.
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Et déjà s'achève ce Luminal.. Sounds From The Ground nous livrent là un album incontournable pour tout amateur de Down-Tempo ou de Chill Out.. Les travaux avec du chant se sont affinés davantage, et le duo puise dans le meilleur de leur passé pour proposer un album complet, riche, varié sans pour autant qu'un des titres ne vienne faire tâche.. Je ne suis pas près de m'en lasser !! Thumbs Up pour SFTG..
Trouvez le ici :
http://www.psyshop.com/shop/CDs/amo/amo1cd001.html (ce n'est pas la cover que vous recevrez
)Où là :
http://www.saikosounds.com/english/display_release.asp?id=4484
Plus sur SFTG :
http://www.soundsfromtheground.com
Ciao ciao !
