SUNDROPS
Light In Motion
Préambule
Chaque sortie de Suntrip est une fête, une attente, une excitation, une surprise. C'est un sentiment qui devient une agréable habitude depuis 2004, date à laquelle où le label est devenu une référence en matière de son trance goa.
Avec SUNDROPS, le rendu est encore différent. En effet, pour cette quatrième compilation, il n'est plus question de musique uptempo ou downtempo mais plutôt un alliage entre ces deux termes. C'est très harmonieux, le rythme est moins soutenu, les nappes planantes sont longues et dominantes.
Les tracks sont softs avec beaucoup de retenu rendant les oeuvres plus flottantes, classiques et sentimentales.
Ainsi, Suntrip casse volontairement ce côté trop trance goa, trop mélodieux, trop euphorique afin de se diversifier.
L'artwork est à l'image de cette délicieuse compilation avec son interface simple et uni qui nous rappelle les couleurs rougeâtre de l'automne et sa sensibilité avec ses micros détails lumineux qui nous ouvrent les chemins de la lumière.
Cette petite merveille va nous égayer notre triste quotidien en rallongeant nos journées, en réchauffant nos coeurs, en illuminant nos visages et en prolongeant un été que nous n'avons jamais eu.
L'automne n'aura qu'à bien se tenir!!!
Au programme, le tour du monde dans 8 destinations: USA, Israël, Roumanie, France, Belgique, Angleterre, Suède et Norvège.
- Trois Grands Retours: Chi-ad, California Sunshine, Virtuart & Chronomyst.
- Un petit nouveau: Antares.
- Quatre artistes new school qu'on ne présentent plus: Filteria, Ra, Artifact 303 et Aerosis.
Seulement 8 morceaux mais un total time de plus de 74 minutes.
Review
[1] Chi.a.d - Sight of the Sages [7'17'']
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On commence par un track aussi léger qu'un cumulus. "Sight Of The Sages", nous plonge dans une peinture de pastel où l'océan et le ciel se touchent pour former l'horizon. Une symétrie parfaite. Un splendide cliché accompagné de chants de baleines et de dauphins. Les images que nous procure ce morceau sont célestes et nous interrogent sur des questions existentielles de la vie. Ce tableau est magnifique avec ses paysages bibliques. Il nous fait prendre de la hauteur mais manque cruellement de contours accentués ainsi que de détails et donnent à ce premier morceau un côté trop platonique et amorphe avec des passages longuets voir ennuyeux. On aurai aimé quelques variations et dénouements pour le rendre plus attractif. On reste sur sa faim tout de même.
NOTE: 3,5/10
[2] California Sunshine - Oblivion [9'20'']
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On poursuit notre review avec "Oblivion" qui possède de nombreux points communs avec "Other Line". Le morceau est largement amélioré avec des accords plus harmonieux, des scènes tribales plus efficaces, des effets plus riches. California Sunshine nous vêtit d'un costume d'anthropologue afin d'étudier les coutumes d'une tribu primitive oubliée. L'ambiance est inquiétante, le suspense s'installe autour de ce rituel mélangeant sorcellerie et croyance. On est submergé dans une sorte de transe qui monte en puissance, hypnotisé dans une spirale vertigineuse. Un mets appétissant qui nous tient en haleine jusqu'au bout.
NOTE: 8/10
[3] Virtuart & Chronomyst - Zanchin [11'59'']
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Voici une longue péripétie de douze minutes qui nous transforme en état d'évaporation. Très belle composition aux airs de "Psy Spirit" de Cosmic Silence. Les transitions sont nombreuses et s'accommodent de façon évidente les unes aux autres. L'environnement utilisé me fait imaginer à des constellations qui s'illuminent en scintillant, mettant en scène des traînées de voies lactées, une pluie de galaxies et des planètes qui gravitent autour de nous. Ainsi l'astronomie est une science qui n'aura plus de secret pour nous. Un très beau songe qui transforme notre chambre en planétarium le temps d'une musique.
NOTE: 10/10
[4] Aerosis - Lunar Effect [9'09'']
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"Lunar Effect" débute par ses sons liquides visqueux et globuleux qui se perforent en sourdine. La suite est très agréable en dépit d'un tempo assez rapide. Je lui trouve quelques concordances avec "Atea" de Omegahertz mais moins cheesy. Les mélodies sensibles pétillent avec beaucoup de légèretés et nous transportent dans un jardin d'Eden. Un très joli morceau qui nous rend positif.
NOTE: 7/10
[5] Artifact 303 - Energy Waves (Positive Mix) [9'00'']
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On assiste à une bataille spatiale très vive dans un décor où l'infinie est l'horizon. Une armée de vaisseaux sophistiqués se poursuivent à la vitesse de la lumière, s’esquivent, se frôlent, partent en vrille et explosent, sous une cascade de météorites qui s'entrechoquent comme des électrons. Les lasers fluorescents tirés par ces escadrilles volantes dessinent de longues trajectoires lumineuses, éclairant ainsi l'espace. La conquête intergalactique est impitoyable et laisse sur son passage un tas de débris métalliques encore fumant. Le rythme est nerveux, les effets sont cosmiques, les sonorités zigzaguent et ont une touche d'acidité très aigue. L'atmosphère est semblable au style d'Astral Projection mais la mélodie employée manque de saveur et de rondeur. "Energy Waves" reste cependant une musique grand spectacle avec de nombreux effets spéciaux très soignés.
NOTE: 6/10
[6] Antares - Aurora [9'41'']
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C'est un morceau très rafraîchissant où de nombreuses gouttelettes d'eau mentholée glissent le long de notre visage, en laissant derrière elles une bouffée d'oxygène humide. Je lui donne quelques similitudes avec Khetzal. Le son est clair et perçant comme du cristal et nous donne quelques frissons. L'atmosphère est à la fois féerique, fantastique et hivernale, baignée dans une nuit profonde et frileuse avec la rencontre impossible entre la lune et le soleil. Les effets empruntés nous donnent l'impression que les mélodies sont jouées sur des stalactites de glace, ce qui nous renvoie à cette perception de froid. "Aurora" nous dévoile les premières lueurs matinales d'un soleil naissant. Idéale pour débuter la journée.
NOTE: 8/10
[7] Ra - Gateway Eight [8'50'']
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Christer Borge-Lunde et Lars W. Lind nous livrent ici un véritable coup de maître. Si "Gateway Eight" devait figurer dans un album, ça serait sans aucun doute 9th, avec le même style, la même sensibilité, le même feeling. La mélodie est forte en émotion, la structure musicale est robuste, ronronnante et très alléchante. Les basslines sont pesantes et agissent sur nos paupières qui s'abaissent à chaque battement. On semble être dans une salle chirurgicale entre de mains expertes, aux gestes minutieux et précis. On se sent hypnotisé voir anesthésié, notre esprit est en confiance, notre corps est alourdi, nos membres engourdis, le voyage est imminent vers cette lumière éblouissante.
NOTE: 10/10
[8] Filteria - Back to Earth [9'00'']
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La force tranquille. L'ombre de Pleiadians a totalement disparu et le style emprunté est tout autre. On dirai des aires de Miranda notamment provenant de leur album Phenomena. On assiste à une sublime ballade nonchalante pleine de découvertes et instructives. Jannis Tzikas nous fait ainsi visiter à travers "Back to Earth" plusieurs régions de notre belle planète bleue et nous fait prendre conscience de la fragilité de notre écosystème. On s'enfonce dans la jungle tropicale, on gravit les montagnes, on contemple les geysers, on survole les déserts, une excursion ainsi sans frontières. La structure rythmique est semblable à une horloge au mécanisme bien huilé qui laisse échapper les secondes sans pouvoir les rattraper. La trotteuse file et se faufile, le temps nous est compté avant la disparition de notre terre.
NOTE: 10/10
Conclusion
Suntrip réussit son pari, celui de nous faire marcher sur un petit nuage. Il nous téléporte vers un univers imaginaire, histoire de s'octroyer une petite parenthèse dans un monde que je trouve parfois merdique et le réveil est parfois douloureux.
SUNDROPS est un réel succès. Les morceaux sont bons et intéressants, faits de délicatesse, de sensibilité, de poésie et de légèreté. Tout laisse à penser que les ressources new school ne sont pas encore épuisées.
Mes tracks préférés: 2, 3, 4, 6, 7, 8
NOTE GLOBALE = 8/10