--REVIEW--
RA - 9th
Depuis leur dernier album To Sirius sorti en 2000 sous Blue Moon Productions, puis ré-édité deux ans plus tard sous Novatekk/Velvet inc, et quelques apparitions sur les compilations Goa Head 12, 13 et Planet Goa 3 (début 2000) et Energetic (en 2003), RA n’avait plus donné signe de vie dans notre merveilleux monde psychédélique. Le tout, couronné par un nouvel album sans cesse retardé, repoussé depuis le début de sa création en 2006. Cependant, on a pu, tout de même, se consoler entretemps grâce à deux merveilleux ambient/downtempo tracks ''Gates Of Tiphareth'' et ''Road To Shiraz'' sortis sur les deux dernières compil’ de Suntrip Records : Twist Dreams (2007) et Opus Iridium (2008).
Plusieurs années de travail pour enfin créer un second album : 9th disponible depuis le 16 mai 2008. En fait, plus de 2 ans de préparation ont été nécessaires pour élaborer cette œuvre.
Pour rafraîchir la mémoire de certains, RA est composé de Christer Borge-Lunde, Charlie Clarke et Lars Wedde Lind. Mais pour cette réalisation, seul Charlie Clarke manque à l’appel. A noter que Christer Borge-Lunde, le membre principal de RA, a fait partie du mythique groupe DIMENSION 5 avec qui, il a collaboré pour produire l’album Second Phaze et du groupe ELECTRON WAVE, avec Charlie Clarke, à qui on doit l’album Uncertainty Principle, sortis tous deux en 2000 sous Blue Moon Productions, en Thaïlande.
Le superbe artwork nous invite très clairement au pays des pharaons. Cette couleur chaude et vive nous fait penser au sable brûlant du désert mais aussi à RA (ou Rê) le Dieu du soleil ou encore à de l’or. Les pyramides nous laissent croire que les tracks sont solides, détaillés, travaillés et soignés; quant aux hiéroglyphes, ils nous font part d’une mystérieuse énigme autour de l’album. 9th est un pur voyage dans le Moyen Orient.
Tout comme les Egyptologues, Cosmogenesis et moi-même InFecTeD_gOa allons déchiffrer les différents morceaux que comportent cette oeuvre.
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01 - [1:21] - Intro
Une ouverture vraiment classe qui nous met en haleine jusqu’au bout. Une atmosphère très cinématographique ponctuée par une voix inquiétante et d’une mélodie aussi fluette que mystérieuse. On s’imagine dans les entrailles d’une pyramide, peut être celle de Khéops, errant dans ces interminables couloirs étroits, éclairés à la lueur d’une torche. Un vrai labyrinthe mais qu’importe, on se laisse guider par la musique qui semble connaître le chemin. Remarquons aussi que des voix similaires étaient déjà présentes dans l’intro de To Sirius, nous plongeant d’entrée dans une atmosphère spirituelle. Ce qui implique une sorte de connexion ou de suite avec leur premier album.
NOTE= [10/10]
02 - [7:43] - Octagon
On commence par un excellent track, qui s’enchaîne immédiatement après cette magnifique intro, pour débuter cette super production hollywoodienne.
Aux premiers abords, ''Octagon'' est léger et flottant, malgré un rythme assez soutenu. La mélodie dominante progresse avec beaucoup de grâce. Ses tonalités ethniques semblent trouver quelques influences du côté du genre nitzchonot (mélodie non-cheezy bien entendu) et font penser notamment aux premiers tracks du groupe CYAN pour citer un exemple. Le côté sympa et original c'est que derrière cette fameuse mélopée qui semble être répétitive, se cache un arrière plan construit, composé d'effets, de rythme et d'ambiances, qui à l'inverse de la mélodie, évoluent et changent à tour de rôle par des amplifications grandissantes. Un résultat étourdissant et hypnotisant.
Il s'agit essentiellement d'un track utilisant le côté « grandiose » par l'intermédiaire de sons et d'effets envoûtants et embellissants, nous renvoyant ainsi, à des paysages panoramiques d'Egypte du temps des Pharaons.
Imaginez un instant, pyramides, sphinx, obélisques et temples se dresser devant vous, sous un soleil étouffant, vous mélant à cette population qui s'articulent et s'organisent autour du Nil. Une fantastique excursion.
NOTE= [10/10]
03 - [7:57] - Predator
Ce track tranche assez avec celui qui le précède. L’atmosphère y est à la fois sombre par l'utilisation d'une bassline profonde et angélique par la présence de cascades mélodieuses. Par ailleurs, "Predator" est moins axée sur le côté grandiose, et ses mélodies s’efforcent de fournir l’image d’un paysage exotique d’oasis égyptienne. On trouvait ce genre d’environement différent, moins sérieuse mais plus gai dans le track "Transformation" ou "Beyond the Stars" de Second Phaze. Techniquement, RA propose un morceau dont la structure est plus élaborée par de nouveaux schémas musicaux tout en conservant certaines caractéristiques des sons Novatekk (comme le caractère organique et savant des effets). Il faut savoir aussi que Predator est un nom connu de VST plugin que RA a hypothétiquement utilisé. Le track "Time current", qui s’appelait à l’origine "Sytrus" (un autre nom de VST), semble accréditer cette piste.
NOTE= [8/10]
04 - [8:46] - Other Self
Tout simplement magnifique!!! Mais l’utilisation de l’adjectif « somptueux » serait d’ailleurs plus appropriée et méritée. "Other Self" nous dévoile une intro où la vie commence. Nous coutoyons toujours l'époque des Pharaons où les premiers rayons de soleil du matin viennent caresser les Pyramides de Gizeh et autres structures titanesques laissant apparaître de grandes tâches d'ombres. Nous vous invitons à fermer les yeux et à vous laisser emporter par ce souffle.
On retrouve dans ce morceau, cette contradiction exprimée par ce mélange de kicks ponctuels et poignants, du rythme vif et de la jolie et gentille mélodie qui atténue le tout, rendant ainsi cette piste très harmonieuse. On est dans la continuité "d'Octagon" où les sons, rythmes et mélodies sont basés sur l'éveil et le commencement. Une mélopée qui prend toute son ampleur au fil de la musique, déposant derrière elle une pousière de notes magiques. On reconnaît tout de suite dans l’intro, la marque de fabrique de RA avec ces pads atmosphériques majestueux que l’on entendait notamment dans "Initiated" (To Sirius) ou "Bombed Out" (Second Phaze) et qui sont propices à une profonde méditation transcendantale. Ils réapparaissent de temps à autre pour rythmer et donner une nouvelle impulsion spirituelle au développement des mélodies à partir de 5'35''. Beaucoup d’émotion aussi à la fin du track.
NOTE= [10/10]
05 - [7:40] - Ultima Energica
Il semble qu’il y ait quelques souvenirs du projet ELECTRON WAVE dans ce track aux consonances métalliques, aux puissantes basses et kicks, et à cette vague d’effets aussi explosifs que complexes et qui donnent un rendu très dynamique et percutant au track. C’est bien là tout le sens évoqué dans le titre du track, "Ultima Energica". Les airs égyptiens viennent se superposer comme pour démontrer toute la Puissance Solaire du fils de Ra, Pharaon, si l’on veut donner une tournure figurative au morceau.
NOTE= [8/10]
06 - [8:10] - Time Current
Comme nous l'avons signalé précédemment, le track était censé s’appeler au départ "Sytrus", en tout cas, c’est avec ce nom qu’il apparaissait sur la page myspace de Suntrip Records. Il semble que RA ait eu recours là aussi, à ce VST, pour donner une texture à la fois originale et familière au morceau. Les melodic leads sont limpides et clean, la production est cristal clear. L’ambiance n’est pas réellement égyptienne cette fois-ci, mais propose plutôt, une touche hétérogène à l’album, à l’image aussi de "Predator" qui est à considérer dans cette même perspective. Certaines sonorités évoquent une certaine influence avec ASTRAL PROJECTION et avec des tracks d’un style « anthem trance ». Enfin le morceau porte assez bien son titre, on a l’impression d’entendre comme le tic-tac de multiples horloges sonnant en même temps grâce aux FX utilisés dans l’imaginaire mélodieux.
NOTE= [10/10]
07 - [8:57] - Spirit Complex
On revient ici à des notes plus spirituelles avec "Spirit Complex" qui est probablement l’un des highlights de cet album. Les heavy pads qui surviennent de temps à autre dans l’arrière-fond ajoutent une atmosphère solennelle et originale à la structure du track. ETHEREAL ont aussi souvent l’habitude d’utiliser cet ingrédient dans leurs tracks, par exemple dans "Stream of Life" (original mix). Çà renforce l’idée d’un track « multilayered » qui sonne 3D. Les mélodies principales sont, cependant, un peu répétitives après le milieu du morceau, bien qu’elles changent à plusieurs reprises de texture avec des effets trompettes, les mêmes qu'utilisés MFG dans certains morceaux de son album The Prophecy (à 4'51'', elles sonnent cependant un peu moyen à mon avis). En revanche, à la 7ème minute, la séquence avec les mélodies très fines et fluides reste mémorable !
NOTE= [10/10]
08 - [9:09] - Transcendent
Je crois que les mots sont insuffisants pour qualifier ce track époustouflant qui est peut-être, sans exagération, l’un des meilleurs morceaux goa de la décennie!!! Je crois que tout est dans le titre, ce track est « transcendantale ». Mais nous nous contentons pas de puiser dans les racines de la musique trance, nous franchissons une porte secrète des capacités métaphysiques de la mélodie, tant ce morceau donne de grands frissons et touche par son sentiment sublime. L’intro est une ouverture spectaculaire qui nous plonge d’emblée dans une méditation d’une nature qui se trouve hors de ce monde, un moment d’extase difficilement descriptible. Elle rappelle aussi brièvement un ancien track de RA, "Azure Child" qui était sorti sur un ancien vinyl de Intastella Records et qui débutait un peu de la même façon.
Les effets mélodieux qui apparaissent progressivement vers la deuxième minute dans l’arrière-fond donnent cet effet de profondeur et de résonance, comme si nous étions enfermés dans un temple égyptien entouré de statues de dieux colossales. C’est un track à plusieurs couches sonores en réalité, si nous y faisons attention. A 2'29'' arrive subitement une mélodie très subtile, utilisées jadis par ASTRAL PROJECTION dans des tracks classiques tels que "Power Gen", "Solid Electronics" ou "Maian Dream", puis une deuxième mélodie totalement orientale vient se greffer à celle-ci et devient de plus en plus intense. Le climax développé en fond, est dans la continuité de certains tracks de DIMENSION 5 à l’époque Blue Moon comme dans la version originale de "Transformation" sur la compilation Psy-Nergy.
L’originalité de ce track réside certainement dans ce changement soudain de tonalité dans les mélodies aux environs de 5'30'' qui sonnent comme une sorte fuite spirituelle ou un vertige sensoriel. Le finish à partir de 6'44'' est épostouflant et original, où la mélodie ralentit jusqu’à son dernier souffle. Un track qui va rester graver dans les annales!
NOTE= [10/10]
09 - [7:02] - Expand Consciousness
"Expand Consciousness" est le Nirvana par excellence. Elle nous emmène dans l'ère de la sagesse avec un rythme relax et des mélodies orientales. A mi chemin entre ambient et morning trance, cette musique nous laisse songeur. Les sons et ambiences employés accentuent ce côté imagé spirituel de la méditation. Le temps s'arrête un moment afin de prendre du recul et de méditer sur le monde qui nous entoure. Apprendre sur les autres et apprendre sur soi-même pour s'enrichir et s'ouvrir sur l'humanité. Mettez vous à la philosophie le temps d'une musique.
NOTE= [10/10]
10 - [8:16] - Light Receiver
Un élément qui avait rendu célèbre l’un des tracks de RA dans leur album To Sirius ressurgit 8 années plus tard dans ce morceau ambient. Il s'agissait en fait d'"Astral Flight" où l'on entendait des choeurs et des chants grégoriens résonnés dans le corps d'un monastère. "Light Receiver" a un aspect fluide. C’est une source d’apaisement à la fin de cet album essentiellement dynamique, mais il n’est peut-être pas aussi original techniquement que les autres morceaux ambient que nous avions l’habitude d’écouter de la part de RA. Les mélodies sont agréable mais assez redondantes. Cependant, il reste un bon track qui parachève très bien cette réalisation de toute beauté. On remarque le vocal « alone » à la fin du morceau, qui contraste avec le message délivré par la suite…
NOTE= [7/10]
11 - [3:10] - ''you're not alone'' (hidden track)
C’est la cerise sur le gâteau, je serai tenté de dire !! Cet outro très mystique qui se cache derrière les sillons de "Light Receiver", contraste totalement l’ensemble de l’oeuvre par la présence d'un tout autre style de musique, ressemblant ainsi à une scène de film aux accents poétiques et angéliques, tant ses résonances édéniques portent en elles un avant-goût sucré du paradis. Cette composition est légère et flotante. On semble être entouré d'un épais brouillard blanc semblable à du coton. Les notes sont espacées et aérées créant une sensation de pureté et de liberté. Ce track est le point final d'un album exceptionnel.
Il semble qu’il y ait un message hiéroglyphique caché derrière ces paroles prononcées: « you are not alone ». Cette phrase laisse sous entendre que nous ne sommes pas seul dans notre vaste Univers, et qu'il y règne quelque part, des êtres extras terrestres, des dieux possédant une technologie très avancée ou dotés de pouvoir extras ordinaires. Sans doute des similitudes avec le film "Stargate" de Roland Emmerich. Cette nouvelle structure, peut être aussi l’espoir d’un troisième album dans un style différent? L'avenir nous le dira...
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Conclusion: RA est de retour et quel retour!!!! 9th est une bouffée d’oxygène. Les morceaux respirent la joie, la fraîcheur, une sensation de bien être sans tombé toutefois dans l’euphorie car les mélodies sont vraiment softs. J’admire le travail de ces deux artistes. Avec un tel album, je me dis que la trance goa a encore de belles années devant elle.
On ne peut s’empêcher d’un autre côté, pour ceux qui ont déjà entendu To Sirius, de faire la comparaison avec 9th car les similitudes sont là : atmosphère orientalisante, spirituelle, transcendante, grâce à l’emploi ingénieux de mélodies égyptiennes et majestueuses, d’un background développé en mode 3D, pour explorer toujours davantage les différentes dimensions et possibilités du son psychédélique.
Nous serions tentés de dire que To Sirius était peut-être plus flottant, moins agressif au niveau sonore (ex avec "Astral Flight" ou "Beyond Control"), parfois plus varié et moins répétitif (à l’exception du track "Universal Key" qui était assez surabondant) que 9th, qui lui, est nettement plus dynamique, misant surtout sur l’énergie, la puissance du son, et proposant structurellement, une évolution mélodique souvent « progressive » du track, avec des mélodies se développant au fur et à mesure de manière intelligente (comme dans "Time current" ou "Predator").
9th atteint aussi un degré supérieur de spiritualité et de métaphysique dans ses mélodies envoûtantes et ses backgrounds d’une grande profondeur, émotionnellement parlant, dont l’exemple le plus parfait est "Transcendent".
A cette époque où la mélodie se fait rare sur les marchés de trance psychédélique, et lorsqu'elle apparaît, elle sonne parfois de façon artificielle ou surfaite, RA se détache nettement en proposant un vrai album, authentique musicalement, tout en ajoutant comme toujours une note moderne à l’ensemble artistique. Un album à ne pas manquer si l'on est friand de mélodies!!
NOTE GENERALE: 9.5/10