LeTriangle wrote :
Je suis très heureux que le thème du chamanisme soulève votre intérêt!
Je pense qu'au final, le sujet sera plus longtemps évoqué que 30 min, tout dépend, je pense de l'interaction qu'il y aura pendant le débat puis après la projection de other worlds entre le public et les intervenants.
La trance et le shaman ont toujours leur place à l'heure actuelle, particulièrement dans les sociétés africaines, pour citer le dossier artistique de forest of visions :
"Dans les sociétés traditionnelles, la maladie est considérée comme un signe surnaturel. Un dieu, un esprit, un ancêtre cherche à dire quelque chose et choisit le canal d’un individu pour le faire.
Il s’agit donc d’un message à décoder. En Afrique, ce sont des percussions qui jouent au malade les rythmes des différents dieux.
Sans prétendre guérir notre public, nous voulons lui offrir l’évasion. L’évasion vers une forêt aux milles couleurs, aux rythmes entrainants et sonorités dépaysantes."
Parcontre, dans les sociétés occidentales, la question est plus ouverte...
Bah voilà, toujours la même histoire... Pourquoi de "l'évasion" ? Les Occidentaux que nous sommes n'avons pas besoin "d'évasion", mais au contraire d'un recentrage sur nous-mêmes, sur notre culture, etc. Est-ce que les villageois de Tombouctou ou les pêcheurs de Zanzibar ont besoin "d'évasion" ? Ce sont les publicitaires qui vendent de "l'évasion".
Tout ça pour dire qu'il aurait aussi été intéressant d'inviter des "néo-shamans" européens même si ça doit être plutôt complexe d'avoir ce genre de contacts, mais il semblerait que cela existe... Le chamanisme et le druidisme ont toujours existé en Europe... L'intérêt de cette mode de l'ayahuasca et du chamanisme se trouve plus dans le potentiel de réveil et de développement des cultures européennes anciennes. Un Occidental qui part en Amérique du Sud dans une famille indienne pour prendre de l'ayahuasca ne part parce qu'il est en manque "d'évasion", mais parce qu'il est malade ou qu'il se sent déstructuré et qu'il pense pouvoir trouver là-bas une source de guérison...
sinon, effectivement teuf inloupable !
Un petit extrait choppé sur un site dont je ne me souviens plus, mais qui avait l'air sérieux :
L'Occidentalisation: la voie vers la démence?
Attention, il ne faut pas se leurrer. L'Ayahuasca tout comme l'ensemble de ces hallucinogènes “ethniques” (Peyolt, Psilocybine, Datura etc…), même si l'on peut s'exalter des vertus mystiques, curatives ou ésotériques de ces plantes, restent profondément étrangers à notre culture occidentale. Autant vous le dire tout de go, je reste convaincu, que l'Ayahuasca , cette plante qui fait des miracles pour les Indiens, n'est pas véritablement exportable dans notre modèle occidental. La plante et les visions qu'elle génère nous sont trop « exotiques » tout en demeurant absolument familiers aux Indiens et populations locales amazoniennes. L'Ayahuasca, à mon sens, s'exprime avec un corpus de valeurs et d'émotions qui nous sont tellement extérieurs et qui peut par conséquent facilement nous déstructurer plutôt que de nous structurer. Elle nous égare lorsque nous sommes fragiles plutôt que de nous montrer un chemin d'une façon que nous pouvons comprendre. Une chose est certaine : les sessions sous Ayahuasca ne sont pas des parties de plaisir, loin s'en faut. Et il vaut mieux ne pas avoir trop d'attentes, ne pas se laisser bercer par les récits parfois miraculeux, souvent merveilleux des chercheurs et des apprentis shamans occidentaux. Un conseil : lisez par exemple « Lettre du Yage » de William Burrough et vous comprendrez à quel point l'auteur de « Junkie » et de « la machine molle » a salement dégusté au cours de ces expériences qui l'ont métamorphosé. Selon certains utilisateurs qui en ont l'habitude, Avec la plante, il vaut mieux laisser de côté notre besoin d'expliquer, de tout expliquer, de situer et de comprendre la nature de certains épisodes intenses vécus en session. L'Ayahuasca peut être utile à certains occidentaux mais pas à tous.
Voilà ce que nous explique encore P.V.H, un ex-toxicomane qui a expérimenté à peu près toutes les drogues et que l'on peut considérer comme une sorte « d'expert » en la question : « en ce qui concerne l'Ayahuasca, ce n'est pas une drogue comme les autres, ce n'est pas une drogue du tout à mon sens car ce n'est pas agréable ou confortable de prendre ce produit. C'est même traumatisant, c'est un vrai travail un peu comme quand on va en thérapie. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'en ai pris. Et puis, ce ne sont pas des hallucinations que l'on ressent comme avec du LSD ou des champignons. Croyez-moi, je fais la différence… ».
L'Ayahuasca est par contre beaucoup plus prometteuse en ce qui concerne les populations autochtones amazoniennes, qu'elles soient Indiennes, métis ou Brésiliennes. Tant ces populations ont baignés depuis toujours dans des cultes de type shamaniques. Néanmoins, il existe en Europe des tentatives d'exportations du modèle, soit sous la forme de rituels religieux, soit sous la forme de rituels de guérison, les deux étant bien souvent liés mais pas intrinsèquement comme nous le verrons. Prendre de l'Ayahuasca s'avère surtout être un travail ardu sur soi-même. Tout comme vous le diront donc bon nombre d'utilisateurs européens de ces plantes, en particulier de l'Ayahuasca, de l'Iboga et du Peyolt, il ne s'agit nullement d'une partie de plaisir, d'un jeu, de drogues “récréatives”. Certains voyages peuvent s'avérer très traumatisants, très éprouvants pour le néophyte non averti qui ne s'est pas un tant soit peu préparé ou qui n'a pas respecté un minimum de règles préalables (comme le fait d'être à jeun, de ne pas avoir consommé de drogues ou d'alcool, de ne pas avoir entretenu des rapports sexuels avant un rituel à l'Ayahuasca) qui ne sont pas l'effet du hasard. S'il n'y a pratiquement jamais eu d'accidents ni de morts (deux ou trois sous Iboga aux USA, deux accidents mortels dans des “cures” à l'Ayahuasca aux Pays-Bas jusqu'en 1998 causés par des mélanges avec de la méthadone et des antidépresseurs et non par la plante elle-même), l'usage de ces plantes n'est pas un acte innocent. La psyché d'un occidental peut y être mal préparé « tandis que; comme le fait remarqué Michel Perrin , spécialiste de la question , “la drogue conduit les Indiens dans un paysage qui leur est familier… ”. Et de préciser: “ La plupart des Occidentaux tendent à considérer que ces "ailleurs" sont de simples effets des substances chimiques absorbées. Or, manifestement, il n'en est rien. Toutes les cultures pratiquant ce type de communication spirituelle disposent de termes ou de métaphores grâce auxquels leurs hallucinés peuvent décrire leurs pérégrinations dans le "monde surnaturel ": en d'autres termes, le voyage est modelé, souvent inconsciemment, par les représentations culturelles de ceux qui l'accomplissent, par l'univers de signes et de symboles qui illustrent leur mythologie. Cet "encadrement culturel" est si fort qu'à tout le moins il relègue à l'arrière-plan les effets purement chimiques de la drogue ”. En d'autres termes, les Occidentaux qui ne disposent pas du bagage symbolique et culturel des Indiens risquent de développer une vraie psychose face à une expérience qu'ils ne pourront pas assimiler: “